BloguesLes vers de tête

Meilleurs que Milli Vanilli

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Je suis de celles qui aiment se laisser surprendre.

Mais aussi, je suis d’avis qu’une bonne dose d’autodérision et un peu de laisser aller ne nuisent pas de temps en temps.

C’est dans cet état d’esprit, et avec la curiosité d’une enfant tenant une fourchette devant une prise électrique que je me suis rendue, mardi dernier, au Café Campus, endroit que je n’avais plus visité depuis que j’ai l’âge légal d’y entrer. On y tenait, Oh! chose pertinente parmi toutes, la deuxième édition d’une compétition de Lipsync Battle.

Il faut vivre dangereusement.

Toute dispose que j’étais, je ne m’attendais toutefois pas à ce que ma rate soit à ce point sollicitée. Était-ce mon état de fatigue plus qu’avancé ou les derniers relents de la pleine lune du weekend précédent? Quoi qu’il en soit, ça valait le déplacement.

Comment Ça Marche?

Une mise en place à la manière d’un match d’impro, avec maître de cérémonie, et deux équipes en bonne et due forme se faisant face, de part et d’autre de la scène. Un juge invité, Seb Last, bien campé dans son personnage de Star internationale du Lipsync. Des juges de ligne, assurant le juste compte des votes du public, et enfin une foule de feu, généreuse, ouverte, attentive, volontaire.

À la lumière des catégories annoncées par l’animatrice et maître de cérémonie, Jessica Léveillé-Lemay, les équipes s’affrontent tantôt dans des numéros de groupe, tantôt dans des duels. Ces derniers étant particulièrement intéressants puisque clairement préparés d’avance par les joueurs. On perd certes un peu du glam et de la science de l’improvisation, mais le spectacle y gagne.

Outre les duels, plus nombreux, on a eu une idée des écarts générationnels grâce à la catégorie Émission Jeunesse, et on s’est sustenté de quelques prouesses acrobatiques pendant le numéro à la manière d’une poursuite, où les joueurs devaient, à l’interruption de la musique, se succéder le plus rapidement possible sur scène. Ceci dit, pas de blessé.

Main ouverte ou poing fermé, au final c’est au public de trancher.

Mais Pourquoi Diable?

La difficulté pour les compagnies de théâtre émergentes de trouver à financer leurs projets adéquatement pousse les intervenants à user d’imagination et d’originalité. Or ces deux éditions étaient en fait des soirées de financement, m’explique Patrick R. Lacharité, l’un des membres organisateurs. En effet elles serviront à produire, au Théâtre La Chapelle en décembre, la pièce Ma Tête Est Une Ruche , un texte de Sebastien Tessier dont Patrick signe la mise en scène.

http://lachapelle.org/calendar/84/8775-MA-TeTE-EST-UNE-RUCHE/?show=10#fr

Et qu’est-ce qu’on a vécu?

Le match opposant les Barbara Streisand, vétérans, aux Ricky Martins, rookies, s’est ouvert sur une catégorie fort populaire ; le numéro de groupe à la manière d’un boys/girls band.

J’étais séduite. Et à ce moment précis je comprenais que j’avais affaire à de jeunes comédiens et danseurs émergents, et qu’ils savent y faire.

D’abord on faisait un effort réel pour avoir les lèvres en synchro, mais aussi force était d’admettre que j’avais devant moi des personnages. Aucun cliché du genre ne fut épargné et on eut même droit à un effort chorégraphique. Bref, on me racontait une histoire, ni plus ni moins.

Les titres se sont enchaînés en un feu roulant, allant de Britney Spears (personnifiée par un garçon) aux Rock et Belles Oreilles, en passant par une pièce du répertoire classique japonais difficile à identifier.

André-Luc Tessier qui blâme la mort d'avoir assassiné Marcia
André-Luc Tessier qui blâme la mort d’avoir assassiné Marcia

Mes Étoiles du Match

Comme dans toute bonne joute d’impro, certains joueurs se démarquent. Parfois, c’est notre soirée, et selon moi, mardi, c’était la soirée de ces deux-là.

La joueuse Myriam Debonville et son interprétation théâtrale de la pièce I Can’t Do It Alone, tirée de la comédie musicale Chicago. À couper le souffle. Bouche bée, je me suis demandée un instant ou je me trouvais. Des acrobaties, du charme, de vrais beaux pas de danse. J’aurais voulu voir le reste de la pièce.

L’énergique André-Luc Tessier et son appropriation de Marcia Baila des Rita Mitsouko. Les refrains semblaient si douloureux que j’en ai eu de la peine pour lui.

On Passe Au Vote

Visiblement la rencontre entre l’improvisation et la personnification est un succès sans équivoque. Il en résulte des soirées hautes en énergie, dynamiques et divertissantes à souhait.

Étant donné que nos compagnies de théâtre émergentes auront encore beaucoup de projets à financer, la prochaine fois, faisons salle comble pour la cause, parce que franchement, c’est très drôle.

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