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FIMAV 2014, Jour 1 : Meredith Monk, Marshall Allen et le Ratchet Orchestra et Ava Mendoza

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C’est déjà l’heure de commencer le Festival international de musique actuelle de Victoriaville. Une trentième édition qui promet aux festivaliers plusieurs artistes habitués du festival mais aussi des artistes à découvrir et un bon nombre de collaborations prometteuses.

Meredith Monk a eu l’honneur de présenter le concert d’ouverture de la 30ème édition du festival. La compositrice new-yorkaise jouit d’une très grande réputation à l’international et son influence sur des générations de chanteurs ne peut pas être sous-estimée. Les concerts du FIMAV se voulant davantage rassembleurs que, disons, un concert de noise à minuit le samedi soir, le spectacteur doit généralement s’attendre à de la musique plus accessible. Grâce à sa charmante présence et à une bonne dose d’humour dans sa performance, Monk a rapidement gagné l’affection du public. Les pièces de son répertoire qui ont été présentées, généralement à la voix solo ou à la voix et au piano, sont généralement minimalistes et utilisent bon nombre de techniques de jeu étendues mais demeurent étrangement assez accessibles et prévisibles, en partie grâce à la structure des pièces, qui m’ont semblées peu complexes, et à l’utilisation de thèmes simplistes rappelant la nature et les activités du quotidien. La longue durée du concert nous a cependant démontré que la simplicité des pièces présentées pouvait être un handicap en soi. Il aurait également été intéressant de voir davantage de fougue dans la performance, un peu plus d’émotions et de passion. Bien que certainement originales, les compositions tombent à plat dû à la performance cérébrale et posée de Monk. Ce fut donc une légère déception pour ma part, un cas typique où la grande réputation précédant une artiste peut amener des attentes démesurées.

La rencontre entre Marshall Allen et le Ratchet Orchestra allait justement me rappeler pourquoi l’énergie d’un artiste peut complètement changer notre perception d’un concert. Marshall Allen, 89 ans, s’est rendu sur scène en joggant, vêtu de paillettes multicolores, se permettant d’emblée des solos tonitruants au saxophone alto et à l’EWI, sorte de saxophone synthétiseur rappelant parfois le thérémine. L’ensemble de 18 musiciens du contrebassiste et compositeur Nic Caloia comptait sur une section de cordes, une section de cuivres, une section de vents, quatre percussionnistes ainsi qu’un pianiste. Bien qu’ayant eu besoin d’un peu de temps pour se réchauffer, Allen et l’orchestre montréalais ont rendu un hommage vibrant à Sun Ra, se promenant avec aise entre l’exploration de textures sonores abstraites, le free jazz empreint de grooves et même une petite touche de funk. Marshall Allen a joué avec une énergie débordante et contagieuse, se permettant des solos dignes des bonnes années de l’Arkestra et je ne pourrais passer sous silence les performances abracadabrantes de Isaiah Ceccarelli aux percussions et à la batterie ainsi que Josh Zubot au violin. Ces deux montréalais sont de grands musiciens et on espère pouvoir les revoir au FIMAV plus souvent.

Ava Mendoza est une guitariste américaine qui semble être fortement influencée par les Ribot, Cline et Frith de ce monde. Bien qu’elle soit également active dans la musique expérimentale, elle a été invité par le FIMAV pour présenter son power trio de rock expérimental. Puisque peu de festivals ont présenté autant de rock expérimental au cours des années que le FIMAV, cela semblait être un match parfait. Malheureusement, ce fut un pétard mouillé inattendu. Bien que Mendoza soit une musicienne à la technique de haut niveau, la chimie avec sa section rythmique était inexistante. Même avec un bassiste virtuose comme Tim Dahl, celle-ci semblait peiner à jouer avec les deux autres membres de son groupe, les laissant l’accompagner ou se retirant entièrement dès que l’un d’entre eux prenait plus de place. De plus, la guitariste semblait avoir beaucoup de misère à ajuster ses pédales d’effets, au point où elle a semblée déconcentrée et confuse à plusieurs reprises. J’ai été surpris de l’amateurisme de la performance, chose que j’ai rarement vu au cours des années précédentes à Victoriaville. Peut-être que Mendoza a sous-estimé le défi de se lancer dans le rock? Espérons qu’elle fera mieux ce dimanche avec Fred Frith.