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FIMAV 2014, Jour 2 : Haino, Merzbow et compagnie, Gros Méné avec René Lussier, Jerusalem In My Heart, etc…

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L’année 2014 compte sur davantage de gros ensembles que ce à quoi les dernières années nous ont habitué. Après l’orchestre montréalais Ratchet Orchestra, le collectif rimouskois GGRIL s’est chargé d’ouvrir la journée de vendredi au Pavillon Arthabaska. Comptant sur quinze musiciens, le groupe est actif depuis quelques années et se concentre davantage sur l’improvisation libre et dirigée. Pour l’occasion, la troupe a présenté trois improvisations de leur cru ainsi que des compositions de Jean Derome et Robert Marcel Lepage. Il est devenu très évident dès le début de leur performance que les membres du GGRIL ont développé une chimie assez solide entre eux et c’est ce qui rendit le concert bien intéressant. Si on aurait parfois pris un peu plus de rythmes (et de percussion?) dans les improvisations libres, la composition de Derome, ‘La courbe du moment’ et l’improvisation semi-dirigée ‘Jeu de cartes’ ont bien démontré la cohésion du groupe et nous ont également permis de découvrir la personnalité des membres du groupe.

Jerusalem In My Heart est le projet de Radwan Ghazi Moumneh, ingénieur de son au célèbre studio Hotel2Tango. Depuis neuf ans, Moumneh roule sa bosse avec son projet à géométrie variable, présentant seulement quelques concerts par année. Pour sa première visite au FIMAV, Moumneh était accompagné de Charles-André Coderre aux projections. Débutant sa performance en chantant armé d’un vocoder, Moumneh a offert une performance vocale remplie d’émotion, empreinte d’un poignant côté théâtral. Il s’est ensuite dirigé vers des synthétiseurs et des séquenceurs, créant un labyrinthe de mélodies électroniques hypnotisantes à souhait. Moumneh s’est également servi d’un buzuk pour ajouter de nouvelles couches sonores plus ‘organiques’ à son jeu. La minutie présente dans la performance et la charge émotive de celle-ci en ont fait un concert bien mémorable.

Fred Fortin au FIMAV? Celui qui écrit des chansons qui sont jouées à Star Académie? Il faut bien mal connaître Fred Fortin pour penser qu’il allait être trop soft pour jouer au festival de musique actuelle. Pour la première fois, le trio très pesant de Fortin, Gros Mené, était rejoint sur scène par René Lussier, légende québécoise de la guitare expérimentale. Les spectacteurs en ont eu pour leur argent avec du rock rempli de fuzz et de gros riffs lents et pesants qui se rapproche de Corrosion of Conformity et Weedeater, avec un petit côté garage en extra. Et la rencontre avec Lussier? La chimie entre le trio et le célèbre guitariste a dépassé les attentes, un mariage parfait où Lussier a rajouté une dose d’expérimentation aux chansons de Gros Mené tandis que de leur côté, Gros Mené ont accompagné avec brio Lussier dans ses compositions de rock expérimental déjanté. Ce fut un plaisir de voir Olivier Langevin, guitariste all-star de Gros Méné, et René Lussier s’échanger des solos décapants. Espérons que Lussier ait la piqûre et décide de continuer dans cette voie.

Fidèle à son habitude de vouloir présenter des premières mondiales, le FIMAV présentait à 22h00 la première rencontre en quatuor entre Richard Pinhas, Yoshida Tatsuya, Merzbow et Keiji Haino. Comme on peut s’en douter, les bouchons furent nécessaires. Leur set a démarré lentement, avec Pinhas préparant un long drone à la guitare qui allait donner le ton à la première partie du concert. Merzbow et Tatsuya se sont intégrés à cette masse sonore, ajoutant quelques couches de sons pour bâtir un mur de basses fréquences et de feedback. Même le volatile Tatsuya s’est mis au service de la performance, offrant davantage un accompagnement qu’une poussée d’énergie comme il nous en a habitué. De son côté, Haino flottait au-dessus de cette vase avec ses vocalises mélodieuses d’une beauté insoupçonnée. Étant la bête de scène qu’il est, Haino a finalement pris le taureau par les cornes en aggripant sa guitare pour nous balancer un flot de notes noyées dans le fuzz et le reverb. L’énergie a monté d’un cran, Merzbow et Pinhas se sont chargés de bâtir un mur de son inpénétrable tandis que Tatsuya s’est transformé en diable de Tasmanie. Si la première moitié du concert manquait par moment de cohésion et d’énergie, la deuxième partie a donné au public ce à quoi il s’attendait. Il n’y a qu’un seul Haino et il sait nous le rappeler à chaque fois.

Difficile à croire, mais le dernier concert de la journée a réussi à rivaliser avec la lourdeur du quatuor franco-nippon. Venu d’Italie, le trio stoner metal UFOMAMMUT a pris d’assaut le Colisée des Bois-Francs avec son métal pesant. Le bassiste Urlo (pas de nom de famille, c’est plus métal) est la force dirigeante du groupe, offrant la structure de base du groupe grâce à ses lignes de basse remplies de fuzz très répétitives et toujours très doom. C’était bien de voir un plus jeune public, pas nécessairement là pour le reste du festival, qui headbang durant toute une heure sur les riffs plus grands que natures du groupe. Les fans de Boris, Melvins ou Sleep n’ont pas eu de quoi être déçu. De petites touches plus psychédéliques sont apparues mais il n’y avait pas de doute, UFOMAMMUT est d’abord et avant tout un groupe qui veut gagner le concours du nombre de riffs pesants et ils réussissent bien leur pari. Ce fut la conclusion la plus logique à une journée assez heavy pour le FIMAV.