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Critique d’album : Cassette de La Forêt Rouge

La Forêt Rouge – Cassette – Cuchabata Records (2014)

Une absence d’une décennie, c’est bien long, peu importe le groupe. Les deux membres fondateurs du groupe Olivier D’Amours et David Dugas Dion ont uni leur force au début du 21e siècle pour jouer du rock expérimental aux tendances noise, avec une bonne dose d’influence de Bardo Pond et de la scène freak folk de Nouvelle-Angleterre. Après que le groupe se soit effacé de la scène pendant des années, Dugas Dion et d’Amours ont convenu de se réunir pour un concert plus tôt cette année. Au concert, ceux-ci ont revu le guitariste Christian St-Pierre, qui avait brièvement joué avec le groupe, en plus de rencontrer l’électroacousticien CE François Couture, qui assurait la première partie. Bien motivés, les quatre se réunissent le même soir pour enregistrer le matériel qui allait être présenté sur ce premier album en plus de dix ans, Cassette.

Il faut quasiment aborder Cassette comme le premier album de cette seconde version de La Forêt Rouge. Les influences de rock expérimental du groupe se sont effacées pour laisser la place à de l’expérimentation bruitiste pure et dure. Le ton est donné dès le début de l’album, avec Laitage, la première des trois longues pièces de l’album. Laitage est un tour de force, une pièce à la fois nuancée et bien remplie qui semble toujours sur le point de s’effondrer. Les trois guitaristes du groupe, St-Pierre, Dugas Dion et D’Amours créer des textures dissonantes qui prennent le temps de se développer et de s’assembler avec brio. L’apport de François Couture au mixer et au tambour vibrant donne une personnalité très singulière à la pièce. En plus d’offrir des basses fréquences imposantes, des bruits d’objets métalliques ponctuent la masse de sons visqueux du groupe.

La seconde pièce, Frelatage, est davantage déconstruite mais encore plus bourrée de bizarreries. Si on ne peut pas parler de structure ou de ligne directrice, la pièce demeure captivante et offre son lot de sons absurdes et étranges qui font sourciller. L’espace que se laissent les quatre artistes pour créer donne un résultat encore plus avant-garde et singulier. Les autres projets de Dugas Dion et D’Amours ont rarement autant de moments de silence et c’est un changement qui fonctionne à merveille.

La troisième et dernière pièce, Éclatage, est le pendant plus noise de La Forêt Rouge. Les quatre musiciens s’activent et créer des couches et des couches de distortion et de sons stridents. C’est de loin la pièce qui semble le plus s’appuyer sur le volume et l’amplification dans le tapis. Il s’agit peut-être de la proposition la moins originale du groupe. Le groupe peine durant un certain temps à s’installer mais la deuxième moitié de cette longue pièce de 18 minutes laisse place à un drone stable et intense qui rappelle les bons moments du duo KTL avec des mouvements plus lents mais encore pleins d’intensité.

En chevauchant diverses sonorités allant du noise à un certain minimalisme bruitiste et en passant par un brin de rock (très) expérimental fuzzy, le quatuor offre un produit qui détonne du lot. Cassette présente bien les premiers pas de cette nouvelle/vieille formation tout en nous donnant le goût d’en entendre plus.

Forêt Rouge sera en spectacle le 30 novembre à la Brasserie Beaubien dans le cadre du CuchFest IX avec Crabe, FullBlood, Empty Brother Paul, Drub, etc…