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La 33e édition du FIMAV : Une célébration de la musique en marge

La 33e édition du FIMAV : Une célébration de la musique en marge

35 ans plus tard
Il y a un peu plus de trente-cinq ans naissait une idée à la fois si simple et complètement folle : amener de la musique expérimentale et d’avant-garde à Victoriaville, dans la région qu’on appelle aujourd’hui le Centre-du-Québec. « On a commencé avec une petite programmation de six concerts dans l’année avec une mise de fond de 50$ chacun, six personnes » explique Michel Levasseur, le directeur général et artistique du festival. « C’était le début d’un organisme qui voulait présenter des concerts non-commerciaux et puis de fil en aiguille, on est arrivé la deuxième année avec un projet de festival. »

Près de quatre décennies plus tard, le Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville est un incontournable de niveau international dans le monde de la musique expérimentale, que l’on nomme d’ailleurs souvent musique actuelle ici au Québec. Le FIMAV en est venu à être un évènement multidisciplinaire reconnu mondialement qui inclut maintenant un volet cinéma, une série d’installations sonores et bien sûr des concerts, en plus d’être lié de près à l’étiquette Disques Victo qui fête ses trente ans cette année avec deux des artistes qui ont le plus endisqué sur le label.

Michel Levasseur
Michel Levasseur

Les têtes d’affiche
Les années ont beau passer pour le FIMAV, on sent toujours une soif inébranlable de découvertes dans la programmation du festival. Le savant mélange de valeurs sûres du monde de la musique avant-garde avec des découvertes d’ici et d’ailleurs est ce qui donne une identité unique au festival. Plusieurs incontournables du festival reviennent cette année dont René Lussier et Anthony Braxton qui se produiront sur la même affiche le dimanche le 21 mai. René Lussier présentera en clôture du festival son tout nouveau quintet pour tuba, accordéon et batterie qu’il suivra bien sûr à la guitare. Il s’agit d’un nouveau projet avec lequel Lussier planifie tourner et possiblement endisquer. La visite en solo de Braxton est fort probablement la plus belle prise du festival, le saxophoniste américain n’ayant fait que très peu de concerts en solo au cours de la dernière décennie. « Braxton ne veut plus jouer solo, ça fait plus de cinq ans qu’il n’a pas joué en solo, il refuse toutes les propositions qui lui sont envoyées. Il vient de prendre sa retraite comme professeur et il se consacre à l’écriture de grands projets » souligne Levasseur. Toute une chance donc pour les festivaliers que celle de voir du légendaire compositeur de Chicago retourner à ses premiers amours!

Le festival a aussi frappé un gros coup en invitant l’immortel Terry Riley qui se produira sur scène avec son fils Gyan Riley. Difficile de décrire l’impact qu’a eu Riley comme compositeur en quelques phrases mais il importe de rappeler qu’il fut l’un des piliers du minimalisme américain et que son oeuvre In C est un incontournable de l’avant-garde du dernier siècle. Terry et Gyan Riley ont fait paraître deux disques en duo et ils sont très en demande partout dans le monde et le public québécois aura la chance de les voir pour la première fois ici ce samedi! « Monsieur Riley est venu à Victoriaville il y a une trentaine d’année en duo puis il n’est pas revenu au Québec depuis ce temps là. Il avait joué en duo avec George Brooks à l’Église Sainte-Victoire en 1988! » se rappelle Michel Levasseur. Parmi les autres valeurs sûres du festival, notons une nouvelle visite du guitariste Nels Cline, qui revient en quatuor avec Julian Lage à la guitare ainsi que Tom Rainey et Scott Colley à la section rythmique. Colin Stetson, le nouveau chouchou du monde expérimental, effectuera quand à lui un triplé avec une performance de Gorecki en grand ensemble, une performance de métal expérimental avec le quatuor Ex Eye qui inclut des membres de Secret Chiefs 3 et Liturgy et dans le grand ensemble Seven Story Mountain du trompettiste Nate Wooley. Ce dernier ensemble risque d’être un des coups de coeur du festival, autant grâce aux compositions prenantes de Wooley que grâce au lineup qui réunit entre autre C. Spencer Yeh, Ryan Sawyer et Ben Hall. Au niveau des retours inattendus, peu auraient pu prédire il y a quelques années que Linda Sharrock, chanteuse associée à Pharoah Sanders et Sonny Sharrock, reviendrait sur scène pour un set de musique improvisée expérimentale en compagnie de la violoniste Mia Zabelka et du saxophoniste Mario Rechtern.

À découvrir…
Il y a trop de projets à découvrir pour parler de chacun en détails mais notons la première canadienne du duo indonésien de punk expérimental Senyawa qui mêle cris stridents et instrumentation traditionnelle pour créer une musique qui plaira aux fans de Yamataka Eye et Tanya Tagaq. Ils ont collaboré avec Damo Suzuki et Keiji Haino, difficile de ne pas être curieux! La slovénienne Maja Osojnik sera quant à elle présente pour deux concerts au festival, le projet Rdeca Raketa en collaboration avec Michaela Grill ainsi que son sextet présentant l’oeuvre “All.the.terms.we.are.”. Michel Levasseur a été séduit par le travail de Osojnik. Finalement, bien que réunissant des musiciens un peu plus âgés que les découvertes précédemment mentionnées, il est impossible de passer sous silence le concert du trio In The Sea qui réunit le violoniste Josh Zubot, le contrebassiste Nicolas Caloia ainsi que le violoncelliste et chanteur américain Tristan Honsinger. Leur parution sur le label de cassettes Astral Spirits est très robuste et Honsinger est une bête de scène qui terrorise les spectateurs partout où il va depuis quatre décennies.

Pour voir la programmation complète et la grille-horaire du festival du FIMAV ainsi que pour en apprendre davantage sur les forfaits disponibles, vous pouvez vous rendre sur www.fimav.qc.ca!

On se voit au festival!