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Un curé à l’ombre des mosquées

Je profite de la pluie, presque quotidienne sur Londres, pour organiser mon espace de travail.

Je viens d’ailleurs de terminer une planche du chapitre «L’ami imaginaire» (voir ci-dessus), qui est déjà complété à moitié. Trois narrations s'y entrecroisent : le Père Paul Quesnel c.s.v. avec ses voyages et ses réflexions (1925-1934), ma fille Nausicaa qui parle et voit son ami imaginaire dans sa chambre (2006-2009) et la famille de Lionel Quesnel à la fin de ses vacances d'été qui doit rebrousser chemin à l'annonce du décès du Père Paul (1937). (Pour connaître davantage ce projet et voir les planches antérieures, cliquez sur ce lien.)

Même seulement après quelques jours, l’éloignement du Québec crée ce détachement vis-à-vis le sujet, ce que j’appréhendais. La déstabilisation des sens est sûrement pour quelque chose dans ce phénomène (différentes odeurs, lumières, sons). Le village que je connais, très documenté et réaliste, devient peu à peu un espace où tout est possible. Le Saint-André-Avellin physique cède lentement mais sûrement la place à un Saint-André-Avellin mythique.  J’imagine que c’est la même chose pour mes nouveaux voisins de Tower Hamlets quand «Mymensingh», «Meydân Chahr» et «Rawalpindi» résonnent à leurs oreilles.

Ici, la réalité étant celle d’une mosaïque culturelle tissée au jour le jour par ses habitants venus de partout, les points de référence communs sont difficiles à cerner pour le «nouvel arrivant» que je suis. Ces questionnements risquent de rendre mes six mois ici des plus intéressants.

Pendant que je dessine un curé à Saint-André dans mon studio, les prières des fidèles de la mosquée Al-Huda résonnent à quelques pas.