Quand il y a eu des attentats dans le «tube» et à bord d’un autobus londonien en juillet 2005, Scotland Yard a identifié les suspects grâce aux enregistrements d’une caméra de surveillance. Résultat : ils en ont installé partout.
La ville est littéralement sous surveillance. Après une petite recherche, les estimations oscillent entre 65 000 et 500 000 caméras de surveillances sur le territoire de la capitale britannique. Difficile de se faire une idée avec ces chiffres si éloignés l’un de l’autre, n’est-ce pas? Lorsque je me promène et peut me permettre de détourner mon attention des «look right» et «look left» pour ne pas me faire frapper par une auto (je ne m’y habitue pas), je remarque que, peu importe où je suis, je peux voir au moins une caméra dans mon champ de vision. Impossible d’y échapper.
Pour le très grand plaisir que procure une marche dans Londres mais aussi pour vous donner une idée de la présence de ces caméras à l’échelle humaine, j’ai arpenté Hackney Road, une rue bien tranquille, sur trois intersections. J’ai choisi cette rue par hasard. Devinez combien? J’ai compté 21 caméras toutes bien en vue dont vous pouvez voir ci-dessus quelques spécimens photographiés. Imaginez si on ajoute celles qui sont cachées. Imaginez qui regarde. Imaginez si… STOP LES MOTEURS! Il faut que je me calme et que j’arrête ma paranoïa de Québécois en exil.
Non. Je ne m’en fais plus en me disant que c’est pour notre sécurité et notre bien! Ils ne s’en serviront pas à mauvais escient! Ils font ça pour nous. Bien sûr…
Tout de même, je me dis que dans son roman «1984», George Orwell a eu l’oeil.
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J’ai dû me faire filmer cent fois lorsque je suis allé dans Central London visiter une boutique spécialisée en bande dessinée, Optimal Comics. Pour les amateurs de BD américaine, c’est véritablement un «must» où on trouve des éditions rares, de nombreuses nouveautés et des originaux. J’ai découvert dans la section indépendante des regroupements artistiques de la scène londonienne et britannique en bande dessinée : Murky Depths, Semiotic Cohesion et Banal Pigs. Ces derniers me font penser aux Bandistes, du Québec, par leur frivolité, leur côté éclaté et leurs talents. À voir absolument.
Big Brother doit être surchargé d’informations avec les vidéos envoyés par ces milliers de caméras et n’est peut-être pas très efficace dans ces conditions. C’est sûrement pratique après qu’un délit a été commis et non pas avant. Est-ce pire que le Patriot Act des Américains? Aux États-Unis, il semblerait que sur certaines rues, les drapeaux se retrouvent à chaque 20 pieds, un peu comme vos caméras londoniennes. Le maccartisme semble être ressuscité au nom d’une sécurité antiterroriste plutôt qu’anticommuniste.
J’ai confiance que dans nos sociétés démocratiques ces excès n’iront pas aussi loin que dans les anciennes républiques prolétariennes d’Europe de l’Est. Les compagnies de sécurité doivent faire des affaires d’or à Londres. J’ai l’impression que lorsque le terrorisme international deviendra moins virulent, ces caméras seront de moins en moins entretenues et remplacées. Nous n’observerons jamais un tel déploiement, ici au Canada, à moins que le terrorisme international nous frappe avec la sauvagerie qu’on lui connaît.
Vos réflexions sur Big Brother sont très intéressantes, d’autant plus qu’elles viennent appuyer les commentaires de Londoniens avec qui j’en ai discuté.
En me promenant sur Broadway Rd, à cinq rues d'où j'habite, j'ai aperçu ce dessin placardé