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L’Anglais et le continent

Grâce à mon travail, depuis quelques années j’ai eu la chance de visiter quelques pays européens dont la France, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la Finlande. À chaque fois, je suis agréablement surpris de voir cette quantité impressionnante de langues affichées sur les produits, vêtements ou nourriture. Vous savez ces étiquettes nombreuses et pleines de petits drapeaux avec la langue correspondante inscrite aux côtés ? Ça sent l’Europe quoi : le marché commun, l’échange entre les nations, l’Union Européenne. Je suis d’autant plus surpris de voir autant de langues se côtoyer que chez nous, au Québec, il est parfois difficile de se faire servir en français. Le sectaire accusant la diversité de sectarisme.

Les choses sont différentes au Royaume-Uni. Bon, bien sûr, il y a la livre sterling, mais la Suède a aussi sa propre monnaie, la krona. Vous allez me dire que les autos circulent en sens inverse. Bravo ! Deux morceaux de robot !

Je vous dirais pour poursuivre qu’en matière de malbouffe, je ne suis pas dépaysé. Qui dit malbouffe dit embonpoint. On en voit partout. Comme chez nous. Qui dit embonpoint dit problèmes de santé, mais là, je ne suis pas allé vérifier… Si on revient aux produits, on ne voit qu’un petit drapeau, l’Union Jack. La seule langue visible neuf fois sur dix est l’anglais. Pourtant, nombre de langues européennes sont parlées dans la rue. Mais, tout de même, au bas des étiquettes, se trouve inscrit en tout petit « Made in EU » confirmation sans équivoque que le Royaume-Uni fait bien partie de l’Union Européenne. Je tiens à préciser que je ne fais pas le procès de l’intégration du Royaume-Uni à l’Union européenne. Je vous fais part d’observations au quotidien sur ce qui semble être une certaine ambivalence des Anglais face au continent. Qu’on le veuille ou non, je fais des comparaisons entre ici, ailleurs où je suis allé et chez nous, mais que voulez-vous, je suis Québécois, que je sois à Saint-André-Avellin, Londres, Winnipeg, Helsinki ou Genève…

Lorsque j’ai fait ma demande au Conseil des arts et des lettres du Québec pour cette résidence, j’ai bien choisi Londres, une ville où je suis venu auparavant et que j’ai adorée. Beaucoup plus que Paris.  Je ne serais pas capable d’engueuler les gens et de me faire engueuler à longueur de journée n’en déplaise à mes amis Français. Londres, c’est généralement la courtoisie, la curiosité, la diversité, le désir de converser, d’échanger et le sens de l’histoire tout en se projetant dans l’avenir. J’ai donc choisi de vivre au Royaume-Uni (donc en anglais) le temps que dure ma résidence et je ne m’en plains pas.

Outre ces différences, le pays n’échappe pas à l’américanisation. Par exemple, lorsque je suis allé dans la boutique de bande dessinée Orbital Comics, je dirais qu’environ 97% de la BD en magasin était américaine. Les Anglais ? Colonisés ? Non quand même. Je dirais simplement que le « Grand frère américain » n’est jamais bien loin. Cette ambivalence a le grand avantage de ne fermer aucune porte. Nous connaissons ça aussi au Québec et nous le faisons très bien.

Percevoir le Québec comme un pont qu’emprunte l’Europe pour l’Amérique du Nord est courant lorsqu’on tente de positionner le Québec dans sa relation d’ambivalence avec le reste de l’Amérique du Nord. Je crois qu’à l’inverse, le Royaume-Uni est comme un pont qu’emprunte l’Amérique vers l’Europe.