À part les gens de la Délégation du Québec à Londres et mon ami Félix, établit ici depuis neuf ans, je n’ai pas rencontré de Québécois ; je me mêle aux autres artistes venus d’un peu partout en Europe.
Les discussions avec divers artistes, particulièrement avec un couple de Portuguais (Margarida et Bruno), m’ont conduit à des échanges culturels intéressants. Nous avons bien sûr parlé d’histoire, de Salazar, de la Révolution tranquille, de Duplessis et de l’intégration du Portugal dans l’UE. J’ai trouvé en la personne de Bruno un interlocuteur avide de connaître le Québec, tant historique que culturel.
Surpris d’apprendre qu’ils ne parlaient pas français, Margarida et Bruno m’ont confirmé une chose qui est malheureusement partout la même : le français recule. Jadis enseigné dans les écoles portugaises, le français a laissé sa place à une autre langue. Devinez laquelle.
Autrement, Youtube est un excellent outil lorsqu’il est question de faire découvrir à l’autre sa culture. Spontanément, nous avons tapé des noms d’artistes propres à nos cultures respectives. C’est comme ça que Bruno et Margarida ont découvert Jean-Paul Filion, Éric Lapointe, Pierre Lapointe, Mononc’Serge et Anonymus. De leur côté, ils m’ont fait découvrir les artistes portuguais Humanos, Ramp, Amalia Rodrigues, Antonio Variacoes, The Vicious Five.
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Ces découvertes faites à Londres ne m’empêchent pas de poursuivre le travail sur mon roman graphique Cœurs d’Argile. Au contraire, elles me nourrissent. J’ai retravaillé l’illustration de couverture et terminé un quatrième chapitre qui est très court, « Des sourires semés au vent », dont vous pouvez voir le résultat ci-dessus… Ce chapitre se veut surtout un polaroïd d’un moment de pur bonheur : une petite fille qui s’en donne à cœur joie sur une balançoire. C’est la première fois que je fais une BD sans réelle histoire mais le livre, qui a à ce jour des chapitres dramatiques, lourds et sombres, devait être allégé afin que le lecteur puisse respirer un peu entre deux tragédies…