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Les appréhensions du retour

Retour au Québec dans cinq jours pour une durée de trois semaines. J’ai hâte. Très hâte. Aucun rapport avec Londres que j’aime. Plutôt une femme et deux petites filles que je m’impatiente de tenir dans mes bras. Oui, oui, je sais, il y a Skype, beaucoup mieux que les lettres jadis envoyées d’Europe par le Père Paul Quesnel à sa famille de Saint-André-Avellin qui les recevait des semaines après.

J’ai plusieurs choses à faire ici avant mon départ ce qui me tient assez occupé, mais je trouve quand même le temps de réfléchir à mon retour. L’ambiance qui existe ici avec de la vie partout en mouvement, les odeurs identifiant les nationalités diverses, la politesse, la collégialité entre les artistes, la créativité visible partout sont toutes des choses auxquelles on s’habitue rapidement. Mais je les retrouverai très bientôt.

Comment va se dérouler le retour? Mes filles vont-elles m’en vouloir de les avoir «laissées» derrière? Vais-je encore être à la course, envahi par les rendez-vous de Premières Lignes et les rencontres de toutes sortes? Non, le but principal de ce retour est l’entrée en maternelle pour ma plus vieille. Comme un peu pour les premiers pas de nos «bébés», je crois que c’est une étape de sa vie importante dont je ne pouvais tout simplement pas être absent. On dit souvent  que les enfants ont une capacité de «résilience», mot à la mode, mais parfois j’en doute dans certaines situations.

Je pense encore aux nombreux réveillons de Noël où mon père était absent et où ma mère, mes soeurs et moi allions chez mes grands-parents seuls. Mon père travaillait (et travaille encore aujourd’hui) pour la voirie municipale. À l’époque, les tempêtes étaient nombreuses à la fin décembre. Lors de ces réveillons monoparentaux, je me souviens que mon père me manquait beaucoup. Ce sentiment, comme figé dans le temps en moi, fait souvent surface et est au centre de mes préoccupations dans mes relations avec mes filles.

Il est difficile pour elles de comprendre les raisons de mon séjour ici, comme je l’ai saisi  l’autre fois via Skype :

– Papa?
– Oui mon bébé.
– Je m’ennuie de toi.
– Moi aussi mais je reviens bientôt.
– Combien de dodo?
– 7. Compte sur tes doigts…
– 1, 2, 3, 4… Papa?
– Oui.
– Pourquoi t’es parti?
– …          

Malgré toutes mes inquiétudes, je sais que les choses vont revenir à la normale en peu de temps. Je crois que ce nouveau changement, bien que ce soit un retour à la «vie normale» pour trois semaines, crée une période de doute chez moi, ce qui m’arrive assez fréquemment. L’artiste n’est jamais bien loin derrière le père.

Dans cinq jours, Romane va danser pour me montrer sa robe et Nausicaa va me montrer ses matériaux scolaires. Je déploierai tous mes sens au maximum, question de faire le plein de tout ce bonheur avant de repartir.