Bien que je pensais à toi régulièrement, on s’est perdu de vue il y a plus de quatre ans dans les grands soubresauts de mon déménagement à l’extérieur de Gatineau.
Je me souviens de notre rencontre, il y a plus d’une dizaine d’années, quand Stefan Psenak, alors directeur de la maison d’édition L’Interligne et rédacteur en chef de la revue Liaison, nous a présenté. Avant de te connaître, j’ai eu un coup de foudre pour ton travail en photographie. Tes images en noir et blanc étaient d’une beauté et d’une force rares. Comme bon nombre d’artistes, ta fragilité se voyait dans ton œuvre.
À titre de graphiste, j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec toi en utilisant tes photos. Nous nous sommes même invités mutuellement à souper dans nos familles respectives. C’est à ce moment que j’ai rencontré la charmante Clara et tes garçons qui étaient trois à ce moment ; je n’ai pas connu le petit dernier.
Je me souviens de la quantité de livres qu’il y avait chez vous et de ton plus vieux qui me parlait de Churchill et du baron rouge alors qu’il avait à peine six ans. L’absence de télévision semblait être compensée par ces livres qui nourrissaient l’imaginaire de tes enfants. Bizarrement, c’est à ce détail que je réfléchissais dans l’avion à mon retour au Québec le 5 octobre dernier.
Le lendemain, en ouvrant mes courriels, Stefan m’apprenait ton suicide. J’ai immédiatement pensé à tes enfants et à Clara. J’aurais tant voulu être là. Aurais-je su quoi te dire? Pour les visuels que nous sommes, les mots ont parfois leurs limites…
Salut François !
François, qui?
François Dufresne.