Hier soir, toujous au Theatre of the Society for Macedonian Studies, on présentait Locusts, la plus récente pièce de Biljana Srbljanovic. À propos de sa pièce, l'auteure écrit :
« Les sauterelles sont des insectes délicieux, paisibles : mais parfois, sans raison apparente, elles décident de se regrouper, et causent d'énormes dommages. En une demi-heure elles peuvent ravager un champ immense. C'était pour moi une métaphore des personnages que je décris dans ma pièce. En tant qu'individus, ils sont sympathiques. Mais gare à vous s'ils se regroupent. »
Produite en 2005 par le Nouveau Théâtre Yougouslave, une compagnie qui a créé plusieurs pièces de la dramaturge serbe de réputation internationale, dans une mise en scène de Dejan Mijac, la pièce a été traduite en français sous le titre de Sauterelles, et créée en 2006, au Théâtre national de Bordeaux, dans une mise en scène de Dominique Pitoiset. La pièce présente une galerie de personnage aux prises avec le vieillissement, celui du corps aussi bien que de l'esprit. On y rencontre des êtres déçus, des êtres qui doutent de leurs choix ou, pire, qui croient avoir raté leurs vies. Les répliques sont aigres-douces, d'un humour caustique. Voici le résumé qu'on trouve dans les premières pages de la pièce publiée aux éditions de L'Arche :
« Après la dictature du Parti communiste, après la purification ethnique, après les bombardements de l'OTAN : dans le Belgrade d'aujourd'hui. Onze personnages distordus et grotesques luttent pour survivre dans une société de l'après-chaos. Biljana Srbljanovic décrit les conséquences du chaos sur les individus dans leur vie de tous les jours. S'y déroule une guerre d'un nouveau genre : entre les générations. Les vieux ont peur de mourir, les jeunes peur de vieillir. Des fils infrangibles les enchaînent les uns aux autres. Tous ont soif de pouvoir. Et tous sont vieux. Surtout les plus jeunes. Les pires. »
La mise en scène de Dejan Mijac est sobre, l'utilisation du plateau tournant est simple et efficace, les projections d'espaces verts sont très belles et le jeu des acteurs, jeunes et vieux, est particulièrement dynamique. Voici quelques photos prises lors de la représentation d'hier soir.
Locusts (Sauterelles) |
Locusts (Sauterelles) |
Locusts (Sauterelles) |
Que tout cela est intéressant ! Il y a tellement peu de productions étrangères qui pénètrent au Québec, en dehors des technotronies du EffeTÉHA, le peu de public théâtral local arrivant à peine à faire vivre une poignée de théâtres, dont une grande partie de la programmation, de toute façon, est assurée par le bénévolat relatif des productions « autogérés ». Et quand il y a des productions étrangères, le prix du billet est souvent aligné avec le niveau de fonctionnement économique du pays en question, et non celui de « l’économie » anémique de notre province, et donc souvent beaucoup plus dispendieuses que les produits locaux, à part peut-être les 3-4 théâtres de luxe, ringards et surfinancés, et encore.
Il est très rafraichissant de voir ce qui se passe ailleurs.
Quel bel esprit sacrificiel, Christian, toujours prêt à souffrir pour l’art…