La saison 2007-2008 du Rideau Vert est placée sous le signe du féminin. En septembre, Alexandre Marine dirige Sylvie Drapeau et Lise Roy dans Marie Stuart, une terrible confrontation entre deux rivales majestueuses. Le dramaturge Normand Chaurette a apposé sa griffe sur le chef-d'oeuvre de Schiller. En novembre, c'est le retour de la traditionnelle revue de l'année signée Joël Legendre. En février, Frédéric Blanchette dirige Louise Marleau et Gilbert Sicotte dans Les Grandes Occasions, une comédie dramatique de l'États-Unien Bernard Slade traduite par Michel Tremblay. Il y est question d'un amour infini entre un homme et une femme. En mars, Daniel Roussel crée Construction, la première pièce de Pier-Luc Lasalle, tout juste diplômé de l'École nationale de théâtre. Hélène-Bourgeois Leclerc et Vincent-Guillaume Otis sont au coeur de cette pièce sur les angoisses de la vie moderne. En mai, Denise Filiatrault offre sa traditionnelle comédie musicale. Cette fois, elle confie à la talentueuse Marie-Ève Beaulieu le rôle-titre de Sweet Charity, une comédie musicale de Neil Simon, Cy Colman et Dorothy Fields dont l'air le plus connu est "Big Spender".
J’avais assisté à la représentation de Construction, brillante pièce écrite par Pier-Luc Lasalle, talentueux diplômé en écriture dramatique de la promotion 2006 de l’École Nationale de Théâtre. Le travail de production, de scénographie était parfait, et c’est avec grand plaisir que je constate que le Rideau Vert a conservé plusieurs artisans de la production originale, tous des finissants 2007 de l’ENT; la brillante Josée Bergeron-Proulx (décors et costumes) qui s’est particulièrement signalée par son travail de scénographie; Guy-Alexandre Morand (conception sonore) un autre excellent produit de l’ENT, tout comme Manon Claveau (assistante à la mise en scène), tout deux finissants en production. La documentation ne le précise pas, mais est-ce que Marcin Bunar (direction technique), Xavier Dupont (direction de production) et Annie Lalande (éclairages), tout aussi efficaces et qui étaient également impliqués dans la version originale, seront également de la partie ?
Par contre.étant donné leur fantastique prestation, je suis très surpris de constater qu’aucun des membres de la distribution originale ne fait partie de la reprise de la pièce pour la saison 2006-07. Pas un seul, il me semble. Certes, je reconnais plusieurs noms issus des promotions antérieures de l’ENT, tous très talentueux, et je suis bien content pour eux. La plupart des écoles de théâtre réussissent à placer au moins une production de finissants dans le calendrier régulier des théâtres, à condition qu’elle soit bonne, bien entendu. Une bonne façon de lancer de nouveaux talents. Pourquoi ne pas avoir fait la même chose ici avec les diplômés en jeu ?
Je ne comprends pas.
De toutes les programmations annoncées, celle du Théâtre du Rideau Vert est celle qui me paraît la plus prometteuses. Question de préférence, bien sûr, car au fond, elle n’a rien de flamboyant. Sauf qu’elle projette quelques belles étincelles.
Après le formidable « My Fair Lady », on ne peut que se réjouir de la venue de « Sweet Charity ». J’ai un fort parti pris pour Sylvie Drapeau, que je me fais déjà un régal de voir dans une oeuvre telle que « Marie Stuart ». Beau duel en perspective. Je vais passer mon tour pour la rétrospective annuelle de Joël Legendre, mais j’espère bien être présente pour ces belles rencontres théâtrales que nous propose le Rideau Vert. Notamment celle de Louise Marleau et Gilbert Sicotte sur une même scène.
Sous la houlette de Denise Filiatrault, le Rideau Vert change lentement, mais sûrement, de cap. La programmation 2007-2008, résultat d’un savant dosage entre le classique (Marie Stuart), le comique (revue de l’année) et le musical (Sweet Charity), en est la preuve tangible.
Toutefois, la présence de Frédéric Blanchette m’étonne. Ce jeune metteur en scène a fait sa marque avec des mises en scènes rythmées, «punchées» avec des pièces telles que « Pour faire une histoire courte » et « L’Envie, le Périmètre », toutes deux présentées au Théâtre d’Aujourd’hui. Ah! je crois que je comprends maintenant. Blanchette a le sens du «timing». Voilà probablement pourquoi madame Filiatrault l’a choisi.
Par ailleurs, ce qui m’étonne davantage, c’est la présentation d’une pièce créée par des finissants de l’École nationale de théâtre en mars dernier. Astucieuse la « grand Jaune », afin de s’assurer de l’intérêt et de la présence des spectateurs, elle a recours aux services d’Hélène Bourgeois Leclerc, comédienne ayant la cote du public ces temps-ci, et le tour est joué.
Je suis persuadé qu’il y a cinq ans à peine, le Rideau Vert n’aurait pas eu recours aux services de Blanchette, ni à la présentation d’une pièce de finissants. À une autre époque, Mariveau, Feydeau auraient probablement été au programme. Tranquillement, mine de rien, sans soubresauts, on rajeunit la clientèle du théâtre. Voilà le bon travail d’une directrice artistique qui connaît le public.
Paradoxalement, ce n’est pas à la lueur de la programmation du Rideau Vert que mon intérêt s’attise pour certaines pièces et il s’en aurait fallu de peu pour que je poursuive mon itinérance sans souhaiter me reposer de mes périgrinations. Pourtant, les comédiens sont présents au rendez-vous, les metteurs en scène excellents. La méconnaissance des oeuvres présentées y ait assurément pour quelque chose.
Ainsi, c’est plutôt par le biais des commentaires des divers internautes que mon intérêt s’attise. Par conséquent, avide de découverte, j’admets que la pièce Construction de Pier-Luc Lasalle, ça me titille. Quant à la présence de Louise Marleau et de Gilbert Sicotte dans Les Grandes Occasions, j’avoue que cela ne me laisse pas indifférent.
Certes, le Rideau Vert ne deviendra pas mon nouveau port d’attache comme le fut le TNM qui me reverra pour la pièce Rhinocéros ainsi que pour la pièce de Carole Fréchette La Petite pièce en haut de l’escalier.
L’itinérance c’est bien mais faut-il tout de même suivre un certain parcours.
Mes deux coups de, coeur, vont irrévocablement, vers deux femmes, dont la réputation, ne fait que des envieux? Sérieusement, elles sont incroyablement douées, autant, en tant que comédiennes, que comme metteur en scène : Denise Filiatrault et Hélène-Bourgeois Leclerc! Ce sont peut-être bien, les deux seules femmes, autant capable de faire du vaudeville, qu’un mélodrame sans tomber, dans aucun excès. Sobres, mais raffinées, elles ont su prouver, que le féminin pluriel, peut se conjuguer dans tous les temps, et à toutes les époques confondues.
La saison du Rideau Vert m’inspire un peu moins que celle de Chez Duceppe. Plus sérieuses et obscures, les pièces qui sont présentés me tentent un peu moins.
Par contre, la comédie musicale de Denise Sweet Charity, une comédie musicale de Neil Simon pourra me faire connaitre Marie-Ève Beaulieu dont je n’ai aucune idée de ce qu’elle a comme talent. Mais connaissant Denise, elle sait toujours bien s’entourer et peut faire sortir le talent de n’importe quel acteur, chanteur.
Et la pièce avec Hélène-Bourgeois Leclerc m’intéresse beaucoup, à cause principalement de Hélène que j’adore dans tout ce qu’elle fait. Je connais peu par contre son acolyte et je ne suis pas certaine si c’est une pièce drôle ou dramatique, on verra.
Encore une fois, la saison du Rideau Vert me laisse perplexe. Et je suis régulièrement déçu de ce que j’y vois et entend. Toujours un peu trop clean comme théâtre. J’ai l’impression que l’on nous vend des noms d’acteurs mais sans trop de viande autour de l’os. Ce sont certes de bon comédiens, mais on semble oublier que l’acteur se nourrit de texte, pas de marketing. Je veux des propos, pas de la promo.