Hier soir, au Théâtre du Rideau Vert, se tenait la 51e Entrée libre de la revue Jeu, une discussion publique sur l'avenir du théâtre musical au Québec. Le metteur en scène René Richard Cyr, le producteur Charles F. Joron, la comédienne et conseillère vocale Estelle Esse et le comédien et pédagogue Robert Marien ont partagé leurs visions sur ce sujet délicat. Michel Vaïs, rédacteur en chef de la revue Jeu, animait le débat.
Il a été question des risques financiers (inhérents, semble-t-il, au genre), de l'absence de financement public, du peu de débouchés offerts aux finissants des formations en théâtre musical. mais aussi, sur une note plus constructive, on a évoqué la nécessité de travailler à l'enrichissement du répertoire québécois, l'importance de créer des spectacles de taille plus réduite, l'urgence d'inventer des lieux et des structures qui permettent au talent des nouveaux venus d'éclore.
Photo: Étienne Bourdages |
Dans la salle, les étudiants, actuels ou non, du programme de théâtre musical du Collège Lionel-Groulx étaient nombreux. Leur présence donne de l'espoir. Ils ont du talent, de l'audace et des projets plein la tête. Ces jeunes hommes et ces jeunes femmes ont une belle et grande mission: inventer le théâtre musical de demain. Avec eux, j'ai confiance, la notion de théâtre musical prendra mille et une significations, investira des lieux de toutes proportions, abordera les sujets les plus divers, ceux qui les préoccupent assez pour les faire chanter et danser jusqu'à en perdre haleine. Parce que, comme le clament les personnages d'une comédie musicale de Jonathan Larson intitulée Rent, «No day but today!»
Photo: Étienne Bourdages |
Les meilleurs moments de cette discussion seront publiés en septembre dans le numéro 124 de la revue Jeu, plus précisément dans un dossier codirigé par Étienne Bourdages et moi-même sur les rapports étroits qu'entretiennent théâtre et musique. Je vous en reparlerai en temps et lieu.
Vous constaterez sûrement, en lisant ce blogue, que je suis un fervent défenseur du théâtre musical, dans le sens le plus large du terme. Quand le chant, la musique et la danse servent le bon déroulement d'une histoire, je suis comblé. Et vous, que pensez-vous du théâtre musical? Ça vous enchante ou bien ça vous irrite?
J’ignorais que le théâtre musical existait: ça manque à ma culture. Je savais que certains metteurs en scène s’occupaient de l’opéra, en tentant de moderniser cet art, mais pour cela aussi je n’ai jamais assisté à un de ces spectacles. Cela ne fera peut-être pas courir les foules, d’où un problème de rentabilité.
Le débat fait rage depuis des années, en tous cas depuis que je pratique le métier d’auteur et de parolier, donc au moins 30 ans… On parle de sous, de gros sous, de l’implication de l’État nécessaire mais, quelque part, on s’écarte du vrai sujet qui est de s’accepter comme artisans, dans un tout petit pays aux débouchés limités. Pourquoi faudrait-il nécessairement pratiquer l’art du théâtre musical à la même échelle que New-York et Londres, avec des grosses machines populaires et populeuses alors que tout ce qui est indispensable c’est de la créativité et du travail. Je suis toujours sidéré quand on évoque Larson et la version broadwayesque de Rent mais, après tout, Jonathan a passé des années à faire des petits showcases dans son appartement avant de développer en atelier ce qui allait doucement devenir Rent. Je me souviens encore de la création de Pied de Poule, à la Polonaise, avec peu de moyens mais le génie de Marc et de ses interprètes du moment, dont Normand Brathwaite et Marc Labrèche. Je pense à tous ces petits cabarets magiques que j’ai vus en Finlande et en Suisse. Je pense surtout à l’extraordinaire film irlandais «Once» qui vient de sortir, un «musical» authentique et contemporain mis sur pellicule pour à peine 150 000$… Il me semble qu’il est temps de penser en artisans et créateurs et inventer des oeuvres qui pourront vivre toutes seules dans les petites salles du Roseq…