Louisette Dussault |
Le lundi 24 septembre, de 17h à 18h30, au Théâtre La Chapelle (3700, rue Saint-Dominique, Montréal), Louisette Dussault, comédienne, Paul-André Fortier, danseur et chorégraphe, Brigitte Haentjens, metteure en scène, et Andrée Martin, professeure de danse, participent à la 52e Entrée libre de Jeu, une discussion publique animée par Michel Vaïs, rédacteur en chef de la revue Jeu. Le thème: montrer des corps vieillissants sur la scène: comment? pourquoi? pourquoi pas?
Paul-André Fortier |
Voici un aperçu des questions qui mettront la table:
"Traditionnellement, la représentation du corps vieillissant est associée à la laideur et à la mort imminente. Aujourd'hui, alors qu'on bouscule les repères esthétiques en montrant, par exemple, des corps différents, marqués ou mis à mal, le corps vieillissant demeure encore quasi absent de la scène.
Pourquoi cet effacement persistant, qui soulève des questions éthiques, esthétiques et pratiques? La vieillesse et ses signes corporels (rides, sillons, courbures, voix grêles, imprécisions dans le bougé du corps) sont-ils des stigmates? En quoi la vue de corps vieillissants ébranle-t-elle l'horizon d'attente du spectateur? Qu'est-ce qui est vraiment tabou aujourd'hui: montrer des corps vieillissants ou faire l'aveu de les rejeter? Y a-t-il des différences entre représenter des corps vieillissants féminins et masculins? Les actrices et les danseuses qui acceptent le vieillissement ou l'enlaidissement sont-elles rares parce qu'elles rompent avec la séduction? Comment se vit pour elles ce vieillissement du corps? Quelles en sont les répercussions sur l'identité et l'imaginaire de soi? Sur les engagements professionnels? Au Québec, peut-on vieillir et continuer de jouer et de danser? Comment?
Brigitte Haentjens |
Par ailleurs, qu'y a-t-il derrière le désir de certains chorégraphes et metteurs en scène de montrer ce corps vieillissant, d'en affirmer la beauté singulière? Est-ce là nier le rapport d'abjection qu'on entretient avec la vieillesse – le «vieux» incarnant l'altérité radicale en même temps que notre devenir, cet autre que l'on ne veut pas reconnaître comme soi-même? Enfin, en butô notamment, le corps vieillissant est associé au grotesque, au cauchemar, à la laideur et à la mort, mais, paradoxalement, une beauté et une poésie se dégagent de ces corps. Quelle est cette beauté? Que «disent» ces corps émouvants et que révèle la volonté de les montrer?"