Le chorégraphe Frédérick Gravel, membre du comité |
Un comité de réflexion de jeunes artistes et gestionnaires, mis sur pied par le Forum jeunesse de l'île de Montréal et le Conseil des Arts de Montréal, présente un rapport intitulé Le milieu culturel fait-il suffisamment de place à la relève? Le comité, qui s'est penché sur les conditions de création et de diffusion de la relève, résume dans ce rapport les constatations et recommandations de ces danseurs, musiciens, circassiens, réalisateurs, artistes visuels et directeurs de programmation.
Le comité a poussé sa réflexion sur trois enjeux principaux :
La diversité: La relève échappe aux formes artistiques établies. Elle ose des créations hybrides, pluridisciplinaires, parfois iconoclastes. Le cloisonnement entre les disciplines reflète mal cette réalité. Peu de lieux de diffusion sont spécialisés en formes émergentes. L'autoproduction devient trop souvent la seule diffusion possible.
Le partage: Comment accompagner la relève artistique? Comment faciliter la transition entre l'école et le milieu professionnel? Comment instaurer une passation des savoirs des artistes établis vers la relève?
Le financement: Par manque de financement, les artistes de la relève vivent et créent en mode gestion de crise. Les programmes publics, dont les critères misent sur le développement d'institutions stables et sur une organisation unique, n'arrivent pas à intégrer la relève. Et le financement privé ne leur est pas encore accessible. Les jeunes artistes ont dû empiéter sur des programmes de financement d'abord destiné aux entreprises.
Le comité de réflexion propose plusieurs recommandations, dont certaines très simples à mettre place pour intégrer l'innovation créatrice de la relève et son plein épanouissement. C'est le développement artistique durable qui est en jeu.
Cette évaluation du système culturel vient s'ajouter aux constats présentés dans le Rapport du Comité relève et pratiques émergentes de Culture Montréal et à certaines conclusions des États Généraux du Théâtre.
Pour lire le rapport, cliquez ici
La lecture de ce rapport est intéressante mais je ne peux m’empêcher de me rappeler que les jeunes d’autrefois avaient le même genre de problème. Le passage de l’école (milieu protégé) à celui du monde du travail (milieu très compétitif) a toujours été une étape difficile pour les jeunes, qu’ils soient formés en tant qu’artistes ou comme des travailleurs salariés. Je me souviens que lorsque j’ai accédé au marché du travail des termes comme « chômage chronique, emplois précaires ou multiples réorientations de carrière » faisaient partie de nos préoccupations quotidiennes.
La situation économique étant favorable maintenant, ainsi que le niveau supérieur d’instruction de la population actuelle, rendent l’accès aux salles de spectacles plus envisageable pour les gens ordinaires. Je fréquente les salles nommées dans ce rapport comme Tangente, le théâtre La Chapelle ou le Mai, qui servent tous à ces jeunes artistes, mais je me suis toujours posé une question à savoir s’il n’existerait pas un conflit de générations entre les jeunes acteurs et les plus vieux en ce qui concerne la façon de faire du théâtre? Ce milieu théâtral m’est toujours apparu comme étant plus conservateur que les autres disciplines artistiques. Si les artistes de la relève vivent et créent en mode gestion de crise, leurs prédécesseurs ont probablement connus une situation encore moins enviable, il y a de cela 20 ou 30 ans.