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Bertolina embrase le Théâtre Maisonneuve

Hier, au Théâtre Maisonneuve, les 20 danseurs de la Batsheva Dance Company ont déployé une énergie peu commune pour défendre la partition de Sharon Eyal. Avec Bertolina, la première de se créations à tenir seule l'affiche d'une soirée, la chorégraphe de 36 ans, active au sein de la compagnie israélienne d'envergure internationale depuis une dizaine d'années, s'affirme comme une digne héritière du célèbre Ohad Naharin.

Créée en 2006, la pièce d'une durée de 60 minutes amalgame les genres musicaux (rock alternatif, techno, musique espagnole, africaine, etc.) mais aussi les langages chorégraphiques (hip-hop, ballet, danse africaine, contemporaine, flamenco, etc.). Elle met en scène une fascinante tribu, un groupe d'hommes et de femmes livrés corps et âmes à leurs instincts. Brillamment orchestrées, les scènes de groupe tirent magnifiquement profit de la force du nombre, du poids de la masse face à l'individu.

Enveloppés dans les costumes flamboyants de Micky Avni, un patchwork chaotique et distingué à la fois, les corps atteignent une transe puissante, une frénésie qui est palpable jusqu'au fond de la salle. Devant autant de vie, autant de puissance dans le geste, le saut et l'impact, on reste béat d'admiration. On se dit qu'il devrait toujours en être ainsi, qu'il ne faudrait jamais mettre moins de cœur à l'ouvrage.

S'il fallait reprocher quelque chose à ce spectacle, ce serait sa structure. La courbe de la représentation, pas du tout conventionnelle, ne permet pas la catharsis. Après plus ou moins 40 minutes, au sommet de son énergie, la chorégraphie entreprend inexplicablement de se répéter. Certains ressentiront la chose comme un coitus interruptus, d'autres trouveront qu'il fait bon remettre en cause les traditions. Chose certaine, tous retrouveront des images de ce spectacle inspirant dans leurs rêveries des nuits suivantes.