Hier soir, entre les murs du Théâtre du Nouveau Monde, une certaine frénésie planait. Vous savez le genre d'excitation que l'on ressent dans les minutes qui précèdent un grand rendez-vous? Chez les spectateurs venu assister à la première d'Elizabeth, roi d'Angleterre, il n'y a pas de doutes, les attentes étaient grandes.
Et pour cause. D'abord, Marie-Thérèse Fortin foulait pour la première fois la scène du TNM, et pas dans un rôle banal. Ensuite, René Richard Cyr remontait sur scène (il y avait près de 15 ans que le comédien n'avait pas accepté un véritable rôle au théâtre), en plus de diriger la pièce de Thimothy Findley, une rencontre bouleversante entre Elizabeth 1re et les acteurs de Shakespeare.
Heureusement, les créateurs du spectacle ont été à la hauteur des attentes, à la hauteur surtout des destins plus grands que nature auxquels ils cherchaient à rendre justice. Durant les deux heures que dure le spectacle, on découvre, la gorge serrée, le cœur battant, que les trajectoires d'une reine, d'un auteur de théâtre et d'un acteur à l'agonie peuvent se croiser, se répondre, se transformer à jamais.
On se réjouit de savoir qu'après son séjour montréalais, la reine visitera huit des plus grandes villes du Québec.
Bonjour,
Nous avons assisté à la première d’Élizabeth le jeudi 17 janvier. En dépit d’une première heure peut-être un peu longue (est-ce le texte ou la mise en scène qui veut marquer l’accélération du temps?), nous avons été conquis. Nous avons été particulièrement impressionné par le retour sur les planches de René-Richard Cyr. En plus d’avoir signé une mise en scène nuancée et pleine d’imagination et de sobriété, son personnage est très convaincant. Le TNM a bien fait d’acceuillir sur ses planches Mme Fortin, directrice d’une autre maison. Elle n’a rien à envier aux Élizabeth du cinéma. Bien que sa nervosité bien excusable pour un soir de première ait provoqué de rares hésitations de texte, sa performance était digne d’une commédienne exceptionnelle. Abonnés depuis pluis de vingt-cinq ans (avec les fils), nous garderons un excellent souvenir de ce spectacle digne des meilleurs moments du TNM. Inutile de dire que la distribution était également excellente. Le Will de M. Casabonne était très juste. Eût-il été meilleur s’il s’était montré plus convaincu de ses propos? On me répondra sans doute que comme tout auteur immense, il devait être habité par le doute. Quoiqu’il en soit, ce spectacle réussit à nous faire réfléchir sur des questions qui ont tendance à être occultées et conserve son caractère divertissant. Il faut saluer l’audace du TNM.
Pierre Loiselle
Ma fille et moi sommes membres depuis maintenant 10 ans. Nous considérons cette pièce parmi les meilleures que nous avons vues au TNM. Findlay a écrit une pièce remarquable mêlant le tragique à l’humour. Ses personnages sont bien campés et leur personnalité est très crédible. Nous avons facilement imaginé que tel devait être le caractère de chacun à l’époque. Quant au jeu des acteurs, nous avons beaucoup apprécié leur présence sur scène ainsi que l’intensité de leurs émotions et de leurs réparties. Finalement, la mise en scène a respecté l’époque avec un décor sobre mais approprié qui surtout ne distrayait pas par des artifices de notre vie moderne qui n’ont rien à voir avec l’époque. Nous faisons la comparaison avec d’autres pièces, de Shakespeare entre autres, où les metteurs en scène se sont amusé à planter des téléviseurs, frigos, comptoirs de bistro, complets pour homme, etc. tout simplement ridicule.
En conclusion, 4 masques + à Élizabeth roi d’Angleterre.