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Festival TransAmériques – Premier retour

N'ayons pas peur des mots, le 2e Festival TransAmériques commence en force. Voici un premier retour critique.

Présenté au Prospero jusqu'au 25 mai, mady-baby.edu (photo) pose un regard tonique sur une situation consternante. Pas d'apitoiement, pas de mélodrame, seulement la réalité, sans complaisance ni provocation. En s'appuyant sur quelques praticables savamment agencés et une batterie de projections pour le moins éloquentes, trois jeunes Roumains racontent leur douloureuse transplantation dans le rêve de l'occident. Auteure et metteure en scène, Gianina Carbunariu prouve qu'elle sait faire beaucoup avec peu. Un spectacle drôle et cruel qui vaut le détour.

 
Présenté gratuitement sur l'Esplanade de la Place des Arts jusqu'au 28 mai, Melt offre quinze minutes de ravissement visuel. La performance chorégraphique de Noémie Lafrance est à vivre plus d'une fois, de jour comme de nuit. Cinq femmes sont épinglées à un mur de pierre. Vêtues de quelques lambeaux de tissu, leurs peaux sont couvertes d'un mélange de cire d'abeille et de lanoline synthétique, une mixture qui rend les corps luisants, dégoulinant, si bien qu'on les dirait tout juste sortit d'une chrysalide. Dans une ambiance sonore percutante, les cinq danseuses procèdent à des mouvements de groupe, points d'orgue et contrepoints qui donnent naissance à un magnifique tableau vivant. Ne manquez pas d'y faire un tour.

Présenté à l'Usine C jusqu'au 25 mai, Is You Me est une expérience chorégraphique – on serait tenté de dire esthétique – hautement originale. La rencontre de Louise Lecavalier et Benoît Lachambre était prédestinée. Le solo I Is Memory avait grandement impressionné, cette nouvelle collaboration sidère. La représentation, où Lecavalier et Lachambre se partagent pour la première fois la scène, est une captivante réflexion sur l'identité, le double, la part de l'autre en nous et vice versa. Elle doit beaucoup au travail en direct du plasticien Laurent Goldring et du compositeur-interprète Hahn Rowe. La symbiose de leurs efforts est ni plus ni moins qu'un voyage, une heure hors de nous, hors de nos vies, hors de la banalité du quotidien.

Dans un exercice minimal, mais qui doit être extrêmement exigeant physiquement, Lecavalier est brillante. Quant à Lachambre, il réaffirme avec cette création la singularité de son univers. Dans la droite lignée de I Is Memory, le chorégraphe-interprète puise au bunraku, désarticule les corps, multiplie les illusions, trompe l'œil, et tout ça avec maestria. Soyons clairs, ne pas inscrire ce spectacle à la prochaine saison de l'Usine C serait tout simplement injuste.