Jusqu'au 21 février, le Théâtre français du Centre national des Arts reçoit Krum, une pièce créée à Varsovie en 2005 et présentée depuis en tournée dans une dizaine de pays. Pour les amateurs de théâtre, il faut le dire, un voyage à Ottawa s'impose! La pièce de l'israélien Hanokh Levin est mise en scène par le Polonais Krzysztof Warlikowski, un créateur qui mérite son exceptionnelle réputation. Ceux qui ont vu sa relecture de Purifiés, la pièce de Sarah Kane, au FTA en 2003, s'en souviennent! Présenté dans la capitale nationale en exclusivité canadienne, Krum offre 2h45 d'intelligence, de sensibilité et d'ingéniosité.
La mise en scène est hautement inventive, notamment en ce qui concerne l'utilisation de l'espace et de la lumière. On pense aux films de David Lynch, de Pedro Almodovar, mais surtout aux spectacles de l'Allemand Frank Castorf et du Belge Alain Platel. C'est un exemple parfait de l'avant-garde théâtrale qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans les pays de l'est de l'Europe depuis au moins dix ans. Les acteurs sont tous de haut niveau. Et la pièce de Levin, fondamentalement tchékhovienne, évoque pour les meilleures raisons celles de la Serbe Biljana Srbljanovic, de la Roumaine Gianina Carbunariu ou encore du Russe Vassilii Sigariov.
Cela dit, cette fresque sur la famille, l'amour et l'amitié, une suite de tableaux baignés de désespoir, mais où une dérision irrésistible opère toujours, porte la marque singulière d'un authentique metteur en scène, un créateur audacieux, toujours motivé par le désir de secouer le spectateur, de le concerner, de l'inclure. Et il faut dire que ça fonctionne tout à fait. Si bien qu'en sortant de la salle on pense déjà à la prochaine fois qu'on aura la chance de voir un spectacle de Warlikowski.
Photo Stefan Okolowicz
Pour lire la critique du recueil d'entretiens de Piotr Gruszczynski avec Warlikowski, cliquez ici.
Pour lire notre entrevue avec Krzysztof Warlikowski, cliquez ici.
Pour lire la critique de Purifiés, un spectacle présenté au FTA en 2003, cliquez ici.
© Stefan Okolowicz Une faune hétéroclite s'est rendue hier au Théâtre du Centre national des Arts
© Stefan Okolowicz Une faune hétéroclite s'est rendue hier au Théâtre du Centre national des Arts