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Festival TransAmériques : bilan du jour 1

On donnait hier le coup d'envoi au 3e Festival TransAmériques avec deux spectacles. Le premier, offert gratuitement sur la Place des Vestiges des Quais du Vieux-Port de Montréal, s'intitule Transports exceptionnels. La production de la compagnie normande Beau Geste est un impressionnant duo entre un danseur et une pelle mécanique. Le chorégraphe Dominique Boivin a imaginé un dialogue entre un homme, Philippe Priasso, et une machine, conduite par William Defresne, un apprivoisement mutuel. Durant 20 minutes, alors que la voix incomparable de Maria Callas s'élève, bouleversante, le danseur s'agrippe à la machine, la caresse, se niche même au creux de sa pelle. Graduellement, la bête d'acier s'humanise. On pense même à ce cher Wall-E. C'est d'une grande beauté. On serait presque tenté de dire romantique. À cela s'ajoute une tension, une inquiétude toute circassienne pour la vie du danseur, maintes fois frôlé par ce bras de métal qui tournoie à toute allure, suspendu plusieurs mètres au dessus-du sol. À voir, vendredi 12h15, samedi et dimanche 15h.

Le deuxième spectacle présenté hier en ouverture du Festival, c'est The Sound of Silence, une production du Nouveau Théâtre de Riga. La démarche du Letton Alvis Hermanis est bien singulière. Durant 3h15, une tribu de 14 comédiens donne naissance à des tableaux cocasses, entrent et sortent par 5 portes sans jamais prononcer un seul mot. Ils sont jeunes, délicieusement naïfs, livrés corps et âme au désir qui coule dans leurs veines. Au fond d'un pot de verre, dans les pages d'un livre, au cœur d'une vieille radio et même dans le vol d'une plume, ils entendent de la musique, et par n'importe laquelle, celle de Simon & Garfunkel, pleine d'espoir, de joie de vivre, mais aussi de mélancolie, de nostalgie. Le spectacle est un peu long, il faut en convenir, et l'entracte est définitivement de trop, mais il est chargé de poésie, truffée de symboles. Plus qu'un hommage aux années 60, la représentation est un hommage à la vie, au cycle de la vie, celui qui pousse les humains à s'aimer, à donner la vie, à partager leur quotidien avec d'autres humains, à faire partie d'une collectivité bigarrée. Ca vous dit quelque chose? À voir ce soir et vendredi à 19h et samedi à 15h.

Photos Sound of Silence / Gints Malderis