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Festival TransAmériques : bilan du jour 3

Hier, jour 3 du Festival TransAmériques, dans les moindres recoins du Monument-National (on ne dira jamais assez à quel point cet immeuble est magnifique, un vrai trésor national) on présentait Microclimats, une ribambelle de courtes formes sélectionnées pour témoigner de l'effervescence créatrice montréalaise, treize stations des plus contrastées à consommer dans le désordre. Trente minutes avant le début de cette réjouissante expérience déambulatoire, il régnait au rez-de-chaussée une certaine frénésie. Plusieurs avaient le nez dans l'horaire, cherchant le parcours idéal, celui qui leur permettrait d'en voir le plus, si possible sans rater leurs incontournables. Les uns demandaient des recommandations aux autres. Heureusement, les sympathiques bénévoles du Festival étaient là pour aiguiller et conseiller la foule. C'est qu'il est pratiquement impossible d'assister à tout, c'est-à-dire aux 9 spectacles présentés à heures fixes et aux quatre donnés en continu. Il faut aussi savoir que les places sont limitées. Parfois il y en a 30, parfois il y en a 100, et parfois il n'y en a que 10. Personnellement, en courant un peu dans les escaliers, j'ai réussi à communier à 7 des 13 propositions. Comme me le faisait remarquer un ami, la course n'est pas sans évoquer celle qui nous entraîne d'un manège à l'autre sur le site de La Ronde. Carole Nadeau et Louis Hudon offrent Le Cirque du sommeil, superbe amalgame de vidéo et de musique en direct. À cause du ludisme de la chose, de son onirisme, de cet humour un peu dada, on pense inévitablement aux premières productions de Nadeau, comme MeMyLee Miller. Un vrai beau moment qu'on aurait voulu plus long! Faites vite, il n'y a que deux représentations dans la soirée. Emmanuel Schwartz et Olivier Choinière proposent Le Rapécédaire, un objet très étrange, pour ne pas dire difforme. Propos homophobes d'une rare violence, chœur gospel, ode juvénile au rap, poésie slam plus ou moins habile, projections où apparaissent des enfants noirs victimes de malnutrition… on sort de là abasourdis. C'est déjà ça. Tout en nuances, Catherine Vidal dirige Marc Legault, un comédien dont le charisme n'est pas suffisamment exploité au théâtre par les temps qui courent, dans un extrait d'Écrire, la délicieuse plaquette de Marguerite Duras. L'installation-performance de 2.boys.tv m'a laissé perplexe. Dans le Café, la musique de Michel F. Côté et Alexander MacSween, deux de nos plus talentueux compositeurs, enveloppe. Prenez le temps de les observer! Dans les couloirs, un iPod sur les oreilles, les danseurs d'Emmanuel Jouthe vous proposeront de danser juste pour vous. Oserez-vous accepter? Pour terminer la soirée, l'endroit tout désigné est le Studio. Deux des comédiens de la troupe vancouvéroise Theatre Replacement font des miracles avec YouTube. Au menu: du maïs soufflé, des biscuits et des éclats de rire à profusion. Seul petit bémol: il m'a semblé qu'il manquait un point d'orgue à cette soirée, une manifestation finale qui réunirait tous les spectateurs-aventuriers en un seul et même endroit. À voir ce soir à 20h.