J'ai le goût de vous parler un peu de Denis Marleau, l'un de mes metteurs en scène préférés. Au cours de la dernière année, l'homme a créé Une fête pour Boris, à l'occasion du FTA, puis Jackie, en coproduction avec Espace Go. Deux spectacles marquants qui ont reçu à juste titre un accueil chaleureux. L'année 2011 sera plus chargée encore pour le directeur de la compagnie Ubu.
L'an prochain, Marleau mettra en scène Agamemnon, de Sénèque, à la Comédie-Française. C'est le premier Québécois (et même Canadien) invité à créer un spectacle entre les murs de la prestigieuse maison parisienne. Il y a de quoi être fier. Surtout que le créateur entraine avec lui certains de ses fidèles collaborateurs, comme Michel Goulet et Nancy Tobin. Ensuite, Marleau et sa complice Stéphanie Jasmin seront en charge de la conception et de la scénarisation des installations de mannequins (animés par la vidéo) dans l'exposition consacrée au couturier français Jean-Paul Gaultier qui s'ouvrira le 17 juin 2011 au Musée des Beaux-arts de Montréal. En 2012, alors qu'Ubu aura 30 ans, Marleau s'attaquera, dans un grand théâtre montréalais, au Roi Lear de Shakespeare.
Durant la période des fêtes, je vous recommande de lire la plaquette que les éditions Actes Sud et Leméac viennent de publier, un livre d'entretiens avec Denis Marleau réalisés par Sophie Proust. Un passage qui m'a particulièrement plu: «Le théâtre n'est plus pour moi une évasion ou un refuge, c'est une médiation consciemment adoptée, au prix d'une friction de tous les instants.»
Je vous recommande aussi de lire le texte de Florent Siaud publié dans le numéro 136 de la revue Jeu. Assistant à la mise en scène stagiaire sur la création du spectacle Ce qui meurt en dernier, Siaud démontre de quelles manière les idées naissent et sont, souvent, abandonnées en cours de route. Le texte fascinant de Normand Chaurette, inspiré du mythe de Jack L'Éventreur et de la Lulu de Wedekind, vient justement d'être publié, lui aussi chez Actes Sud/Leméac.
Une primeur en terminant: dans le numéro 138 de la revue Jeu, vous pourrez lire un entretien réalisé par moi-même avec Denis Marleau et Stéphanie Jasmin à propos de l'épineuse question du mandat et de la pérennité de la compagnie Ubu. Vous aurez été prévenus!