La nouvelle est sortie cette semaine à l’émission Les Francs-tireurs de Télé-Québec. Benoît Dutrisac interviewe le controversé et démagogique "Doc Mailloux" et lui fait dire qu’il n’a jamais payé d’impôts, que l’impôt c’est du vol… Dans le cas de Mailloux, il ne s’agit bien évidemment pas de "fraude" au sens légal, mais de l’utilisation de divers échappatoires et abris.
L’ampleur qu’a pris, par la suite, la nouvelle, démontre à quel point les citoyens sont intéressés par la question.
L’autre "nouvelle" qui a retenu l’attention est le lancement de la télésérie Les Bougon, à la SRC. Rarement une télésérie au Québec n’aura fait couler autant d’encre, ni saliver autant de tribunes radiophoniques. Le thème? La vie de petits fraudeurs, qui érigent en système le fait d’arnaquer gouvernements et grosses entreprises.
Tiens, tiens, tiens… Deux nouvelles et le développement d’une même idée… la même semaine…
Déjà les chiffres révélés il y a quelque temps dans différents quotidiens relativement à l’ampleur du phénomène de la fraude d’impôt au Québec étaient éloquents. Évidemment, l’on ne peut juger si la tendance s’accentue, ni les inclinations qu’elle prend, puisque l’étude de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) était la première portant sur le sujet; il reste qu’elle démontrait une véritable scission entre "les jeunes" (moins de 35 ans) et "les autres" contribuables quant à leur état d’esprit face à l’État (leurs "devoirs de citoyen", diront certains…): alors de 71% des premiers admettent avoir déjà travaillé au noir, "oublié" de payer la TPS, la TVQ ou des droits de douane, avoir "profité" de biens de contrebande ou encore avoir omis quelques revenus sur leurs déclarations d’impôt, cette proportion est de 42% chez les 55 ans. La tranche la plus "étonnante" (une fois encore, l’êtes-vous vraiment, étonnés?) est celle des 18 à 29 ans, dont presque 80% reconnaissent spontanément avoir déjà "fraudé l’État"…
Les observateurs ont beaucoup parlé "d’individualisme", d’abandon de l’idée de "projet collectif", de "je-m’en-foutisme", de mouvement de "désolidarisation" quant à la dette sociale… mais est-ce vraiment de cela dont il s’agit? Rien n’est moins sûr.
Et s’il s’agissait plutôt d’une réaction comme une autre à une administration publique qui cumule les bévues, qui accumule les décisions maladroites quant à la gestion de l’argent des citoyens?
Et s’il s’agissait simplement d’un message envoyé par la masse à ses élus? Un écœurement, un J’accuse à la Zola mis au goût du jour?
En vrac, rappelons: l’affaire Oxygène 9, les 200 000 dollars versés à Bréard, les achats d’hélicoptères, le budget "Défense", les erreurs (ou omissions) dans les contrats signés qui coûtent les yeux de la tête, les limousines, les comptes de dépenses, les nominations partisanes, le népotisme, le trafic d’influence, les changements de main, les petites administrations, la démagogie… "Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves" écrivait Claude Péloquin (auteur notamment de la chanson Lindberg, de Robert Charlebois) sur les murs du Grand Théâtre de Québec… Et si la fraude envers l’État était une apostrophe à celui-ci? Et une réponse des "caves" à l’apostrophe de Péloquin?
La fraude envers l’État c’est aussi, et de plus en plus, un état d’esprit qui dépasse l’individualisme et l’égoïsme. C’est là que ça peut devenir dangereux. Les résistants s’organisent. Et dans cette organisation, les radicaux semblent mener le bal.
Internet est une pierre angulaire du mouvement, aux États-Unis comme au Canada. Des mouvements comme Detax ou TaxRefusal s’y affichent ouvertement, mentionnant des voies d’évitement aux contribuables mécontents, structurant les contestations juridiques, etc…
La réplique gouvernementale est, elle aussi, dangereuse. On a fait état de situations qui frôlent le harcèlement. Des contestataires sont parfois référés par les tribunaux à des départements psychiatriques. Aux États-Unis, la loi permet d’imposer des amendes de 25 000$ aux protestataires…
Retour de la monarchie?