Les Zapartistes chantent pour nous
Agitations

Les Zapartistes chantent pour nous

Ils sont six irréductibles, irrévérencieux, irrespectueux, irréversibles, irritants et irremplaçables. Ils sont incorrects, inconditionnels, incrédules, indépendantistes, infatigables et inspirés. Ils sont six, comme les cinq doigts de la main, aussi semblables, mais tous différents, aussi unis, aussi utiles. S’il y en a qui s’agitent pour renverser la pensée convenue, les clichés, les lieux communs et surtout la stupidité universelle, ce sont bien eux, Les Zapartistes.

Ils sont ensemble et officiellement Zapartistes depuis février 2001. Quatre hommes et deux femmes unis pour combattre la connerie par l’humour, parce que "c’est pas parce que c’est pas drôle qu’on n’a pas le droit d’en rire", clame leur manifeste. Ce manifeste, véritable carte de visite, est répété au début de tous leurs spectacles, comme un leitmotiv. "Pour situer ceux qui ne nous connaissent pas, on se présente", note Nadine Vincent, une des deux membres à ne pas monter sur scène. "Il sert aussi à jauger le public, explique-t-elle, on voit ce qui marchera et ce qui passera peut-être moins bien."

Au fil de ces trois années, ils ont présenté de piquants spectacles, dont les célèbres Zapartistes contre l’Empire et Cabaret des médias, devant des salles combles, et ce, sans publicité. Leur public étant un précieux ambassadeur, le bouche à oreille s’avère énormément efficace. "Il y a même des gens qui organisent des groupes pour venir nous voir, pourtant on ne fait pas de rabais pour les groupes! Ce sont des gens qui veulent que tous leurs amis, leurs parents, leurs collègues voient le spectacle, se réjouit Nadine Vincent. Je pense que les gens sont enthousiastes parce qu’on dit souvent haut et fort ce qu’ils rêvent d’entendre dire. On répond à un besoin", continue la Zapartiste. Les thèmes traités s’imposent d’eux-mêmes, paraît-il, selon les sensibilités du groupe, l’actualité, les sujets chauds de l’heure tels que les frasques de George W. Bush ou la convergence des médias. Pour qu’un thème passe, il faut qu’il ait suscité de la discussion entre les membres; le consensus est mauvais signe. Pour finir par s’entendre sur le contenu, chacun a droit à 10 % du spectacle avec lequel il n’est pas d’accord.

L’écriture est un travail d’équipe, selon les forces de chacun. Tous sont réputés pour avoir de la suite dans les idées, le verbe facile et la plume rapide. Il le faut, parce que le groupe tient à ce que les spectacles restent à la fine pointe de l’actualité. Certaines mises à jour de dernière minute sont régulièrement intégrées au spectacle, en plus du bloc de nouvelles, présenté à la suite du manifeste, au début de chaque représentation. Ces brèves sont toujours collées aux nouvelles de dernière heure. "Quelquefois, il est 20 h 15, le spectacle est à 20 h 30 et on est encore en train d’écrire les nouvelles; c’est stressant, mais en même temps très motivant", raconte Nadine Vincent.

Les voici, les voilà. Les Zapartistes débarquent en région. En fait, ils s’arrêteront à Tadoussac cette semaine, dans le cadre d’une tournée qui les mènera sur la Côte-Nord, jusqu’à Natashquan, et en Gaspésie. Pour l’occasion, ils présenteront un spectacle spécialement adapté à la tournée d’été. Les Zapartistes en chansons est "une sorte de Bye-bye des trois dernières années, une rétrospective chantée", signale Nadine Vincent. Le public pourra donc entendre un condensé des pastiches si mordants qu’on leur connaît (Le Pouding soporifique, ça vous dit quelque chose?), en plus d’une composition entièrement de leur cru.

Sur scène, ils seront en effectif réduit puisque Geneviève Rochette, seule de la gent féminine à monter sur les planches, est en congé de maternité. Par contre, les trois hommes seront soutenus dans leur performance vocale par Gaëtan Troutet, le multi-instrumentiste attitré du groupe. Même s’ils ne seront que trois sur scène, tous les autres Zapartistes accompagneront leurs collègues en tournée, bien souvent flanqués de leur famille. Presque des vacances. C’est que Tadoussac est un arrêt bien particulier pour Les Zapartistes puisqu’ils y ont fait leur première sortie à la suite des attentats du 11 septembre. Alors que Nathalie Petrowski clamait que l’humour était mort, l’autre bande des six écrivait un spécial New York qu’elle allait jouer deux soirs à Tadoussac en remplacement du programme prévu, deux semaines à peine après la tragédie. "Ce spectacle a vraiment soudé le groupe et c’est la première fois qu’on retourne là-bas. Ce seront de beaux souvenirs, on a tous très hâte", conclut Nadine Vincent. Nous aussi, Mme Vincent, nous aussi!

En passant, Mononc’ Serge, cet impénitent impoli, sera aussi à Tadoussac en compagnie de son groupe de déchaînés Anonymus, le lendemain des Zapartistes. Pourquoi ne pas faire comme eux et rester un jour de plus?