Le mythe de Ti-poil
Laissons-nous aller à un peu de politique-fiction. Si René Lévesque n’était pas disparu le 1er novembre 1987, il aurait 84 ans. Que serait-il devenu?
Toujours vivant, Ti-poil aurait-il influencé le cours de l’histoire récente? Serait-il devenu un boulevard?
Au risque de se répéter, aurait-il ressorti son prophétique "À la prochaine fois" lors de l’échec référendaire de 1995? Ou peut-être sa présence aurait-elle permis au "OUI" de l’emporter?
Aurait-il continué à croire en la souveraineté, ou se serait-il rangé du côté de Michel Tremblay, à déplorer le glissement de la question de l’indépendance vers la sphère économique?
Aurait-il été "tassé" du PQ comme ses collègues de la "vieille garde", ou se serait-il rangé derrière André Boisclair?
Serait-il toujours actif sur la scène politique, ou serait-il retourné signer des chroniques dans Le Journal de Montréal?
Aurait-il été invité à Tout le monde en parle pour jaser de ses infidélités, avec "Je l’aime mon pays…" comme musique d’intro, ou l’aurait-on vu affronter Mahée Paiement à L’union fait la force? Serait-il allé présenter sa fameuse recette de soupe aux pois chez di Stasio?
La semaine dernière, l’humoriste Martin Petit avait raison de dire à Christiane Charette que si Lévesque était vivant en 2006, il aurait été victime de son image. "On parlerait toujours de sa coupe de cheveux qui ne se pouvait pas, de son come-over. Il y aurait des mascottes et des bobbleheads René Lévesque."
Bon, peut-être pas de bobbleheads. N’empêche, j’ai comme l’impression que si René était toujours de ce monde, il ne serait pas devenu le mythe intouchable qu’il est aujourd’hui.
C’est une bonne chose. Personnellement, je trouve René très utile dans son costume de mythe.
Avoir un mythe duquel s’inspirer, c’est toujours mieux que pas de mythe du tout. Surtout que les mythes se font rares au Québec.
À ce sujet, la télé-série René débute cette semaine à Radio-Canada. Cette série, dans laquelle Emmanuel Bilodeau livre une performance satisfaisante dans le rôle-titre, s’intéresse aux débuts de Lévesque. Entre sa carrière journalistique, sa lutte pour la nationalisation de l’électricité et les femmes de sa vie, on explore la genèse de la pensée souverainiste dans l’esprit du petit gars de New Carlisle. Tout s’arrête à la Crise d’octobre. En fait, cette série ne raconte pas vraiment l’histoire du politicien, mais plutôt comment le mythe est né.
Car si René Lévesque a fait de grandes choses pour le Québec, il a surtout légué un mythe, le symbole d’un héros national. Et cela m’apparaît être un héritage plus précieux encore qu’Hydro-Québec ou l’idée d’un Québec souverain. Un mythe comme René, pour autant qu’on l’entretienne, est une petite flamme dans le coeur d’une foule de gens qui, grâce à elle, se reconnaissent encore davantage comme peuple.
C’est tout de même quelque chose.
René, à Radio-Canada, dès le jeudi 14 septembre, 20 h
TÉLÉ
Macha Limonchik |
Vivement la rentrée télé! Honnêtement, j’en avais jusque-là des émissions estivales.
À Radio-Canada, Tout le monde en parle revient le dimanche 17 septembre, 20 h. Thierry Ardisson sera de la première. Du côté des séries, j’ai hâte de voir C.A., de Louis Morissette (le lundi, 21 h). Pas autant, toutefois, que Tout sur moi (le lundi, 21 h 30), cette comédie basée sur des personnages réels, signée Stéphane Bourguignon (La Vie, la vie).
À TVA et à TQS, je manquerai – encore une fois – beaucoup de choses. À Télé-Québec cependant, je jetterai certainement un oeil au nouveau magazine écolo La Vie en vert (le mercredi, 19 h). Mentionnons aussi Ici… le monde (le lundi, 20 h 30), une émission d’enjeux planétaires animée par François Bugingo. Cette semaine, le documentaire Pas en notre nom, qui porte sur les milliers d’opposants américains à la guerre en Irak.