Hommage à Gilles Renaud
Cette semaine, une chronique sans cynisme et sans commentaires désobligeants. Cette semaine, je fais mon coming out.
J’aime Gilles Renaud. Voilà, c’est dit.
Comédien au long cours incrusté dans le paysage depuis près de quatre décennies, Gilles Renaud a l’étoffe de ces artistes qui donnent texture et richesse aux oeuvres qu’ils défendent.
Fin des années 60, le frais diplômé de l’École nationale de théâtre lançait sa carrière en jouant le premier gai de l’histoire de la télévision québécoise. C’était dans le téléroman Le Paradis terrestre. Il tenait la main d’un autre homme dans un ascenseur. La scène avait suscité une onde de choc telle que l’émission avait été retirée de la grille illico.
Depuis, l’occasion de jouer les homosexuels s’est présentée à lui à plus d’une reprise. Au théâtre, Gilles Renaud a créé le personnage de Cuirette dans Hosanna (1974). À la télé, il a fait un désopilant M. Bricole gai dans La Petite Vie et une impitoyable drag-queen format jumbo dans Cover Girl.
Au Québec, mis à part Janette Bertrand, Gilles Renaud est probablement l’hétéro qui a fait tomber le plus de tabous envers les homosexuels.
Récemment, on a vu le grand bonhomme dans la peau d’un mécano bourru, mais touchant, dans le film Gaz Bar Blues, d’un chef de police véreux dans Grande Ourse, d’un enquêteur en milieu carcéral dans l’excellente – mais trop peu vue – série Temps dur. En 1977, Gilles Renaud a aussi joué Paul Sauvé dans Duplessis. Cet automne, il incarnait un Jean Lesage plus grand que nature dans René.
Gilles Renaud a eu le cul bordé de nouilles. À quelques exceptions près, il ne semble avoir décroché que des rôles en or. Et pourtant, on l’a rarement vu en tête d’affiche.
Dans la nouvelle série Le 7e round, qui démarre cette semaine à Radio-Canada, Renaud dessine encore une fois un personnage aux contours tortueux. Il y joue Nick Tozzi, champion de boxe déchu, qui s’occupe de la carrière de son fils Karl (Sébastien Delorme), en qui il projette ses propres rêves.
Le grand Nick aime son fils profondément; sentiment qu’il cache merveilleusement. Homme de peu de mots, on pourrait voir en lui une version plus costaude et moins juive de Mickey, l’inoubliable manager de Rocky… Ici s’arrêtent les comparaisons, car Gilles Renaud est incomparable.
Une autre chose que j’aime de Gilles Renaud: il sait disparaître derrière ses personnages. C’est rare. Malgré tout le respect que j’ai pour son talent, j’ai toujours du mal à voir quelqu’un d’autre que Roy Dupuis lorsque Roy Dupuis joue dans un film de Roy Dupuis. Désolé, Roy.
Gilles Renaud, lui, s’efface. Cela explique peut-être pourquoi, malgré un curriculum vitae long comme ça, son nom fait encore apparaître des points d’interrogation dans le visage de l’homme de la rue.
Jamais Gilles Renaud n’a succombé au star-système sauce 7 jours, jamais il n’a été la saveur du mois. En cette ère de vedettes instantanées, Gilles Renaud dure, mûrit, prend de la saveur au fil des ans. Longue vie à vous, M. Renaud.
Conclusion de René, le jeudi 28 septembre, 20 h, à Radio-Canada
Début du 7e round, le jeudi 5 octobre, 20 h, à Radio-Canada
RADIO
De nouveaux duos dans l’excellente série L’Autre Midi à la table d’à côté. Vous connaissez le concept: deux personnes liées échangent sur mille et un sujets autour d’un repas. Louise Cousineau et Guy Fournier se sont déjà prêtés au jeu, tout comme Fred Pellerin et Gilles Vigneault, Fabienne Larouche et Nathalie Petrowski. Cette semaine, entendez ce qu’ont à se dire André Boisclair et le docteur Réjean Thomas. Le samedi 30 septembre, de 11 h à midi, à la Première Chaîne de Radio-Canada (95,1 FM).
TÉLÉ
L’histoire circule sur Internet depuis quelques semaines. Le chien que l’on aperçoit en première page du catalogue IKEA 2007 semble avoir un pénis géant. Un moment, on a prétendu qu’il s’agissait là d’une manipulation Photoshop. Les porte-parole d’IKEA le confirment cependant: c’est la patte de l’animal qui épouse malencontreusement cette forme pénienne. En passant, si IKEA vous intéresse, voyez son histoire dans la nouvelle émission Invité de marque, animée par Emmanuelle Garnaud. À TV5, le samedi 30 septembre, 17 h 30.