Deuxième ronde de négociations
Décidément, les quatre trentenaires aux propos imagés de la comédie radio-canadienne C.A. n’ont pas l’automne facile.
Le lundi à 21 h, TVA – le voisin d’en face – leur a d’abord opposé la très populaire série Nos étés II. Cette fresque historique étant achevée, les copains coquins de Louis Morissette devront maintenant affronter un autre concurrent de taille: Le Négociateur II.
L’affaire, c’est que Le Négociateur est l’une des trois meilleures séries de la télé d’ici. Peut-être même la deuxième.
Pour la petite histoire, cette suite de la célèbre série policière était d’abord prévue pour l’hiver dernier. TVA a cependant reporté sa diffusion pour des raisons budgétaires.
Car bien que l’ex-Canal 10 soit toujours numéro 1 dans la guerre des cotes d’écoute, ses profits fondent comme neige au soleil depuis quelque temps. Cela inquiète un peu. Le grand patron de Quebecor (et de TVA), Pierre Karl Péladeau, a d’ailleurs pris la peine d’écrire une longue lettre au quotidien Le Devoir la semaine dernière pour démontrer "l’impasse" financière devant laquelle se retrouve la télévision généraliste privée au Québec, en particulier la sienne. L’heure est grave pour les grandes chaînes, mais c’est un autre sujet…
Toujours est-il qu’en étant tabletté pour un moment, Le Négociateur II a écopé des problèmes qu’éprouve actuellement TVA.
Le printemps dernier, les fans purs et durs ont néanmoins pu voir les nouveaux épisodes en avant-première grâce au service Illico sur demande, moyennant quelques dollars. Pour ceux qui ne sont pas abonnés au service Illico de Vidéotron, c’est à compter de lundi prochain que vous pourrez suivre, à TVA, les nouvelles intrigues du Négociateur.
Or, ce que j’ai vu ne déçoit pas.
Encore une fois, on nous plonge en pleine décennie 1970. À l’époque des favoris assumés, des bouteilles de bière à petit cou, des pantalons pattes d’éléphant et des minounes couleur gravy. En partant, la riche facture visuelle est un terreau fertile à l’éclosion d’une galerie de personnages aux contours quasi caricaturaux. Chose qui sert d’ailleurs fort bien les histoires souvent tordues…
J’aime les séries québécoises lorsqu’elles ressemblent au Québec. Comme nos fictions sont largement financées à même nos impôts à tous, la moindre des choses est qu’on s’y reconnaisse un peu tout de même. Lorsqu’une série sait illustrer les subtils caractères de la société québécoise, j’adore. Avouons-le, l’histoire de Rumeurs ou de C.A. pourrait se dérouler dans n’importe quelle ville occidentale. Celle des Bougon, non. Celle du Négociateur non plus.
D’abord, la prémisse est éminemment locale: "une série librement inspirée des expériences judiciaires et policières de Claude Poirier". Poirier, personnalité pittoresque du milieu médiatique d’ici, acquiert pratiquement le statut de légende vivante en voyant ses tranches de vie entrer dans la fiction.
Bien sûr, on pourrait arguer sans se tromper que Le Négociateur s’inspire largement des séries policières américaines. C’est vrai. On ne réinvente pas le genre.
Mais il m’apparaît y avoir dans cette série un autre trait révélateur de la société québécoise. À la fin de chaque épisode, le héros Mac Cloutier désamorce une situation explosive sans user ni de fusils, ni de ses gros bras.
Non, Mac se pointe et discute avec le méchant.
Le Québec, bastion du pacifisme, du consensus mou et des accommodements raisonnables… Mac Cloutier en est l’illustration même! Il ne frappe pas, il cherche un terrain d’entente. Il négocie…
Le Négociateur II, à TVA, dès le lundi 23 octobre, 21 h.
En passant, Claude Poirier aura sa propre émission à LCN, intitulée Le Vrai Négociateur. Quand on tient un filon payant chez Quebecor, on l’exploite à fond. Dès le lundi 23 octobre, 9 h.
TÉLÉVISION
La Corée du Nord inquiète ces jours-ci. Or, l’Iran aussi fait peur avec son programme nucléaire et son jeu de provoc à l’égard des États-Unis et du monde occidental. Pourquoi la République islamique souhaite-t-elle autant montrer ses muscles à la communauté internationale? Une série d’excellents reportages qui tentent de comprendre les motivations de cet obscur pays. Un oeil sur la planète – Doit-on diaboliser l’Iran?, à TV5 le lundi 23 octobre, 19 h 30.
WWW
Silence, on court! lance le concours en ligne Le Cinéma québécois, version court. Trente courts métrages à visionner. Chacun, à sa manière, rend hommage au cinéma québécois. À vous de voter! Je vous suggère particulièrement Gino, une version masculine du film de Denys Arcand, Gina… www.onf.ca/courtenweb/