Une perceuse, de la myrrhe et de l'encens
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Une perceuse, de la myrrhe et de l’encens

"Cher papa, accepte cette perceuse sans fil Mastercraft, symbole de l’amour que j’ai pour toi."

Au fond, c’est un peu ça, les cadeaux de Noël. Une représentation matérielle d’un sentiment que l’on souhaite transmettre à l’être cher.

Nul besoin de dire à mon père que je l’aime. La perceuse parle d’elle-même. C’est commode, moins impliquant.

Remarquez, le subterfuge ne date pas d’hier. Au premier Noël, les Rois mages ne se sont-ils pas pointés à la crèche avec, pour le petit Jésus, de l’or, de la myrrhe et de l’encens?

Chaque année, à l’approche des Fêtes, le débat est récurrent. On déplore l’enflure consommatoire entourant Noël. Une célébration où les "vraies" valeurs de partage et d’amour fraternel devraient primer.

Histoire d’être original, j’ai eu le goût de vous en parler aussi. N’ayez crainte, je ne verserai pas dans la nostalgie du genre "dans mon temps, c’était différent; on recevait une orange et on était bien content".

En fait, dans mon temps, on en recevait des cadeaux. D’ailleurs, dans mon temps, les parents divorçaient. Alors, on en recevait deux fois plus. Un Noël chez papa, et la reprise chez maman. Chaque Noël, c’était l’orgie. Des cadeaux développés en mode industriel, la montagne de papiers d’emballage encore chauds d’un côté, l’accumulation de cadeaux déjà oubliés de l’autre.

Bref, j’ai été gâté pourri.

L’an dernier, j’ai décidé d’affranchir Noël de ses cadeaux. Je n’en achète plus. Ne m’en offrez plus. J’ai essayé ça, pour changer.

D’ailleurs, je ne suis pas le seul. À Canal Vie cette semaine, un documentaire sur trois familles qui ont décidé d’aller à contre-courant. Elles sont issues de différents milieux. Une mère monoparentale et ses trois enfants fabriquent eux-mêmes leurs présents. Une jeune famille à revenus moyens a décidé de ne plus être esclave de l’argent. Et une mère gagnant des revenus supérieurs passe des heures à préparer des surprises pour les sans-abri.

On colle à ces gens l’étiquette d’"adeptes de la simplicité volontaire". Cela, même si le concept n’a rien d’une religion, avec ses 10 commandements desquels il ne faut point déroger.

En fait, ce que ces gens refusent surtout, c’est cette course effrénée aux achats, ces jeux de coude au Boxing Day, l’angoisse du compte VISA qui arrive en janvier. Ces gens jugent que ce sont là des rituels qu’il est inutile d’entretenir Noël après Noël.

Et je suis bien d’accord avec eux.

Papa ne recevra pas de perceuse sans fil Mastercraft à Noël. Notre relation père-fils n’a nullement besoin de cette béquille pour s’exprimer.

Ce Noël, plutôt que de passer du temps de qualité à déchirer du papier d’emballage, on jasera. Voilà un truc qu’on n’a plus suffisamment le temps de faire, mon père et moi. Et qui vaut bien plus qu’une perceuse sans fil.

Simplement Noël, à Canal Vie, le mardi 21 novembre, 21 h

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TÉLÉ

En Californie, il est possible de commander par catalogue un enfant "parfait", dont le géniteur est un prix Nobel ou un athlète de haut niveau. Or, un même donneur de sperme peut concevoir – sans le savoir – des centaines d’enfants dans la même ville. Et si deux d’entre eux tombaient un jour amoureux? Un documentaire qui pose de grandes questions aux dimensions éthiques pertinentes. Des bébés à la carte, à Télé-Québec, le samedi 18 novembre, 19 h.

WWW

33mag.com, le site du nightlife et de l’underground québécois, se lance dans la Web télé. Dans sa programmation en ligne, des émissions pondues par le fameux collectif Black Taboo. Vous savez, celui qui avait défrayé la manchette il y a quelques mois pour avoir caricaturé les paroles infiniment vulgaires et misogynes du rap gangsta? Aussi, une émission de cuisine: L’Anarchie culinaire selon Bob. Un délire où le chef en question peut, par exemple, brasser de la mayonnaise en feuilletant un magazine porno. Oui, il y a un gag douteux là-dessous… www.33mag.com

MAGAZINE

Le magazine Sciences humaines propose un dossier sur les "nouvelles formes du capitalisme". Entre autres, une entrevue avec le sociologue Richard Sennet sur les failles culturelles du capitalisme. Ce capitalisme qui tend à mettre la gouvernance des entreprises entre les mains des actionnaires, surtout intéressés par le rendement à court terme. Cela force les entreprises à se réinventer à la moindre baisse des bénéfices, ce qui mine la valeur de "l’expérience" chez les travailleurs au profit de la flexibilité. "L’un des angles morts [de ce capitalisme], dit Sennet, concerne le cycle de vie: cette culture convient à des jeunes, non mariés, sans enfants, encore en train d’expérimenter." Sciences humaines, novembre 2006.