Viens voir Monocle
Médias

Viens voir Monocle

Quand les rayons du soleil commencent à déshabiller les filles, je dois l’admettre, j’ai du mal à m’astreindre à m’asseoir devant mon petit écran. Ce doit être hormonal. L’été, mon plan de match, c’est: vélo, terrasses, potes et consommation modérée de sangria. Alors ne me demandez pas si j’ai aimé le dernier épisode de Beautés désespérées. L’ai pas regardé. Le louerai en DVD. En janvier.

Beau temps oblige, je n’ai donc pas le coeur à la télé ces jours-ci. En revanche, je lis des magazines. Et ces jours-ci, je lis Monocle, un magazine londonien publié dix fois l’an. Il n’existe que depuis trois numéros, mais déjà il fait jaser.

Son fondateur, Tyler Brûlé, est une petite vedette médiatique. Bio. Originaire du Manitoba et fils du footballeur Paul Brûlé, Tyler quitte le Canada en 1989 pour devenir journaliste. De Londres, il travaille pour la BBC, The Guardian, The Sunday Times et pour le célèbre magazine Vanity Fair. En 1994, alors qu’il est en Afghanistan, une blessure par balle lui fait perdre l’usage de sa main gauche. Brûlé quitte alors le journalisme pour lancer, en 1996, le magazine Wallpaper. Cette publication traitant de design, de bouffe et d’architecture provoque une petite révolution dans le monde du "beau" magazine. Quittant la direction de Wallpaper en 2002, Tyler Brûlé se consacre par la suite à sa boîte de design avant de fonder, l’hiver dernier, le magazine Monocle. Traitant d’affaires internationales, de design, de culture et de lifestyle, le nouveau bébé de Brûlé, brillamment rafraîchissant, reçoit des fleurs d’un peu partout. En mai 2007, le prestigieux hebdomadaire culturel Voir souligne même le caractère "brillamment rafraîchissant" du magazine dans une chronique. Voilà donc pour la mise en contexte.

Monocle est éclectique. Avouez que la phrase est périlleuse à prononcer. Dans un même numéro, le magazine peut présenter un reportage fouillé sur l’instabilité politique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, glisser quelques mots sur le boum cinématographique à Buenos Aires, visiter la plus vaste usine de vélos au monde, à Taiwan, et se pointer à l’une des plus importantes foires mondiales de crème glacée, en Italie. Monocle, c’est aussi un site Internet bourré de reportages multimédias. À voir: une entrevue vidéo avec le prince Haakon de Norvège. À écouter: la musique du D.J. numéro 1 d’Afghanistan…

Vous l’aurez remarqué, ce magazine qui a des bureaux à Zurich, Londres, New York et Tokyo a le regard tourné vers le monde. Pour Tyler Brûlé, Monocle comble un vide. Selon lui, la presse générale offre une couverture internationale de plus en plus restreinte, "alors que le monde n’a jamais été aussi global". Autre fait à noter: Monocle est dénué de "vedettes" et d’actualités "pipole", et compte beaucoup moins de pages de pubs que la plupart des autres magazines généralistes. Monocle est par ailleurs visuellement sexy: belles photos, mise en pages chic, papier non couché de qualité. Un peu plus cher, certes (12,50 $), mais c’est plus que du bonbon…

La question se pose: pourquoi n’avons-nous pas, au Québec, de magazines de cette trempe? On en a bien quelques pertinents. L’Actualité, par exemple, est certainement le plus costaud de nos titres locaux. Mais ciel! qu’il est laid, et tellement conservateur… Je vois encore le magazine qui traînait sur le comptoir, chez ma grand-mère, sous le pot de bonbons durs.

L’industrie du magazine, autant ici qu’ailleurs, traverse des années moroses. Cette année, près des trois quarts des magazines québécois ont subi une baisse de lectorat. Ce n’est pas un événement isolé. Selon le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval, le lectorat général des magazines recule d’environ 1 % par an depuis 1994, alors qu’une centaine de titres s’est ajoutée à l’offre depuis.

Avec la déferlante d’Internet qui balaie tout sur son passage, on se demande de plus en plus quelle place occupera le magazine dans le paysage médiatique de demain. La réponse se trouve peut-être du côté de magazines comme Monocle. Des publications qui investissent dans le contenu, dans des reportages, dans des histoires que l’on ne pourra pas retrouver sur Wikipédia. Des magazines qui investissent aussi dans une conception graphique de qualité, afin de créer un média chaud et agréable à savourer, autant aux toilettes que sur une terrasse ensoleillée, devant une quantité modérée de sangria…

Monocle
www.monocle.com

ooo

TÉLÉ

Diffusée en direct du studio 42 de la Maison de Radio-Canada, la 9e édition de la grande fête de l’humour québécois. Martin Petit anime pour la première fois. Gala Les Olivier, à Radio-Canada, le dimanche 27 mai, 19 h 30.