Moi aussi, moi aussi!
C’est fou comme les choses déboulent. Il n’y a pas un an, je chroniquais ici même à propos d’un obscur site Internet, que je qualifiais de "con à souhait, mais délicieux". Il s’agissait des Têtes à claques. Et il n’y a pas un an, personne n’en parlait.
Si on m’avait dit que ce site allait devenir le monstre que l’on connaît, je ne l’aurais pas cru.
La folie s’est répandue comme une gastro dans un club de hockey. Aujourd’hui, chaque clip de ces bonshommes aux yeux globuleux est visionné en moyenne deux millions de fois. Celui du fameux Willi Waller a même été téléchargé plus de douze millions de fois! Les annonceurs se bousculent pour se faire voir avec Raoul, le dragueur invétéré. Les ventes de Pop Tarts ont bondi. Les jeunes parlent comme Uncle Tom: "Heille, mon ami!" Les Têtes à claques se sont retrouvées à la télé américaine, dans une pub de sucettes au chocolat, en plus de décrocher une nomination au dernier gala Les Olivier. Le site a été évalué à 12 millions de dollars. Un DVD est en production. Une série télé pourrait aussi voir le jour et les vidéos nonos les plus populaires du Québec devraient bientôt envahir l’Europe.
Jean Charest, lorsqu’on l’a questionné sur ce qu’il désirait pour 2007, a lancé: "Une victoire aux élections et un Willi Waller." Il a eu la victoire, mais un autre que lui a fini par mettre la main sur le célèbre épluche-patate de chez Dollarama, vendu récemment sur eBay au coût de 3350 $ (l’argent a été versé à l’hôpital Sainte-Justine).
N’en déplaise à ceux que les "ti-papoutes" ne font plus rire, l’aventure des Têtes à claques ouvrira à jamais le premier chapitre de l’histoire québécoise de la télé sur le Web. En fait, les Têtes à claques sont à la vidéo en ligne ce que La Famille Plouffe a été à la télévision d’ici: le premier culte.
Il ne faut donc pas s’étonner que d’autres producteurs soient tentés de grappiller au culte dominant quelques-uns de ses fidèles. Nombreux sont ceux qui zieutent le phénomène des Têtes à claques en se disant: "Moi aussi, moi aussi!"
Depuis des semaines, j’entends parler de projets d’émissions pour le Web. Des comédiens, et pas les moins connus, passent des auditions pour des productions Internet. Certaines de ces émissions 100 % Web commencent à envahir la Toile. Uncle Tom a de la concurrence.
Prenons Le Cas Roberge, de nouvelles capsules débiles du chroniqueur/humoriste Benoît Roberge. Chaque clip présente un sketch mettant en vedette Roberge, dans le rôle du gars qui pense un peu trop, et des vedettes, dans leur propre rôle. Par exemple, pendant trois minutes, Benoît Roberge parle de son gland avec Jean-Thomas Jobin. Le ton est donné.
Cette émission était à l’origine destinée à la "vraie" télé. Or, tous les réseaux l’ont refusée. Roberge et son ami Jean-Michel Dufaux ont donc pensé en faire des capsules pour Internet. Telus a embarqué dans le projet. Et voilà. Pour l’instant, en termes de portée, Le Cas Roberge est loin des Têtes à claques. Le clip le plus populaire a été téléchargé 14 000 fois seulement. Bon, il y a un commencement à tout.
Les émissions pour le Web sont une chose. Par ailleurs, la télé traditionnelle déborde de plus en plus sur Internet.
Ainsi, Vidéotron chapeaute en ce moment un concours: L’Émission. Les participants sont invités à inventer un concept d’émission télé, à tourner une vidéo de présentation et à soumettre le tout au vote public. Tout l’automne, on pourra visionner ces différentes propositions sur Internet, et voter. Des auditions auront ensuite lieu afin de sélectionner trois finalistes. En fin de compte, le public choisira le concept gagnant, qui deviendra une vraie série, diffusée à l’hiver 2008 sur les ondes d’un vrai réseau. Voilà une belle fusion entre la télé et la "Web télé".
À voir tout ce qui s’en vient, j’ai comme l’impression que le chroniqueur télé que je suis sera bientôt plus souvent devant son ordinateur que sur son divan…
Têtes à claques
[www.tetesaclaques.tv]
Le Cas Roberge
[www.lecasroberge.com]
L’Émission
[www.lemission.tv]
WWW
On avait déjà deux YouTube québécois: TonTuyau [www.tontuyau.com] et TonClip [www.tonclip.com]. En voici un troisième, TagTélé, un site de diffusion en ligne consacré aux créations locales [www.tagtele.com]…
MAGAZINE
L’édition juillet-août du magazine Monocle s’intéresse aux villes. En première place des 20 villes du monde où il fait le mieux vivre: Munich, pour ses politiques libérales, sa faible criminalité et ses logements de qualité. Montréal fait bonne figure, en douzième place, entre Melbourne et Barcelone.