100 % recyclé
Il y a quelques années, quand on parlait de la convergence, on avait tout cuit dans le bec un bel exemple à brandir: la synergie de Quebecor Média au service de Star Académie.
C’était en 2003. La première saison de Star Ac’. Entre les galas dominicaux aux cotes d’écoute monstre, les p’tits chanteurs du Manoir Péladeau comblaient les pages des z’hebdos z’artistiques de Quebecor. En parallèle, il était possible d’espionner les spécimens en direct, 24 heures sur 24, sur un site Internet de Quebecor. Les ménestrels s’étaient aussi retrouvés à la une d’un grand quotidien montréalais, toujours propriété de Quebecor. Mais le sommet de la "synergie" a été atteint lorsqu’un présentateur de nouvelles (propriété de Quebecor) a utilisé du temps d’antenne ordinairement alloué à l’information pour offrir à ses téléspectateurs une entrevue avec l’académicienne Maritza. La nouvelle? La jeune femme venait de décrocher un poste de chroniqueuse à Sucré Salé, une émission diffusée sur les ondes TVA, un réseau de la grande et belle famille Quebecor…
Qu’un empire mobilise ses troupes pour nous faire avaler ses talents Catelli, c’est nul, mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Ce n’est toujours que du divertissement.
En revanche, il y a un aspect de la convergence qui aurait toutes les raisons du monde d’inquiéter. Et j’ai nommé: le recyclage en information.
Voyez-vous, parmi les avantages de la convergence, il y a la réduction des coûts. En recyclant l’oeuvre des artisans de l’information à travers ses plates-formes, l’agrégat médiatique réalise des économies d’échelle.
C’est ce qu’on appelle "l’intégration horizontale". Ainsi, les articles d’un quotidien sont repris sur le site Internet du même quotidien. Les topos d’un bulletin de nouvelles sont téléchargeables à partir du site Web du réseau. Les émissions de radio sont aussi disponibles en baladodiffusion. Et les chaînes spécialisées sont surtout spécialisées dans les rediffusions.
Curieux paradoxe. Alors qu’on assiste d’un côté à une explosion des plates-formes médiatiques, de l’autre côté, la diversité des contenus ne suit pas.
Or, un autre phénomène s’ajoute à cette belle entreprise de recyclage. Jour après jour, les grands médias s’espionnent. Du coup, ils ont tendance à couvrir les mêmes nouvelles, de la même façon. Il suffit qu’un quotidien décide d’aborder l’épineux dossier des toilettes de bateaux de croisière pour que le sujet vase communique.
C’est ce que le sociologue français Pierre Bourdieu nomme la "circulation circulaire de l’information".
En résumé: mélangez le recyclage des empires convergents à la circulation circulaire de l’info, et vous obtenez un joli buffet médiatique où les mets goûtent tous à peu près la même chose.
Du coup, la diversité des voix mange une mornifle.
À partir du 17 septembre prochain, le CRTC tiendra une audience publique sur la diversité des voix au Canada. L’organisme qui régit le système de radiodiffusion canadien croit qu’il est temps, pour lui, d’adapter ses règles au nouveau monde des médias.
Le CRTC reconnaît que ses règles actuelles sur la concentration a quelques ratés. Par exemple, le Conseil n’a aucune politique en ce qui concerne la propriété commune dans l’industrie des chaînes spécialisées. Qu’en est-il d’Astral Média, qui possède à la fois Historia, Ztélé, Vrak.tv, Canal D, Canal Vie, Séries+, MusiquePlus, Musimax et Télétoon? C’est sain? Aucune règle, non plus, ne garantit une certaine diversité des voix sur Internet.
C’est une bonne nouvelle que le CRTC décide d’entrer officiellement dans le 3e millénaire. Au terme de cette audience, j’espère qu’on réalisera que la concentration des médias ouvre la porte à des conséquences bien plus graves que l’omniprésence des talents Catelli…
TÉLÉ
Les guerres religieuses ne datent pas d’hier. Au temps des Croisades, les guerriers de Dieu menés par le monarque chrétien Richard Coeur de lion, allaient combattre les "infidèles" turcs qui avaient envahi Jérusalem. Un docu-fiction qui retrace les événements et qui nous prouve que plus ça change… Les guerriers de Dieu, à Historia, le lundi, 23 juillet, 22 h.
Le batteur du groupe The Police, Stewart Copeland, signe son premier documentaire. L’histoire et la vie du groupe à ses débuts, à partir de films Super 8 et de souvenirs intimes. Everyone Stares: The Police Inside Out, à Musimax, le mercredi 25 juillet, 20 h.