Là où il fait bon vivre
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Là où il fait bon vivre

Le texte qui suit n’est pas à proprement dit un éloge des régions. Nous préférons vous en avertir.

Il y a un mythe qui veut que la vie soit plus belle hors des grands centres. En banlieue, à la campagne – enfin partout sauf en ville -, c’est la paix, l’air pur, les vastes espaces verts où la main de l’homme n’a pas encore posé le pied.

S’exporter loin des grosses agglomérations qui puent, c’est dire "Oui, je le veux!" à un mode de vie plus sain.

Le mythe de la belle vie en région n’est ni tout à fait faux ni tout à fait vrai.

Certes, à l’échelle individuelle, la vie rurale a ses avantages: calme, nature, accès plus facile à la propriété. Mais si l’on observe les choses en mode macro, la dispersion de la population sur un vaste territoire est loin d’être une solution durable. Sur le plan écologique, c’est même une catastrophe. Croyez-le ou non, la ville a un avenir plus vert que la région.

C’est n’est pas moi qui le dit, mais l’ONU, qui soutenait dans son récent rapport État de la population mondiale 2007/Libérer le potentiel de la croissance urbaine: "Les villes offrent de meilleures chances de durabilité à long terme".

Grâce aux villes, la moitié de l’humanité occupe moins de 3 % de la surface émergée de la planète. Cela contribue à sacrer patience aux milieux naturels. Bon point.

En revanche, hors des villes, chaque tartempion possède son terrain gazonné, sa tondeuse, son barbecue, sa thermopompe, son bungalow. Les habitations, plus spacieuses que nécessaire, pompent plus d’énergie pour le chauffage et la climatisation. Résultat: l’habitant des régions occupe sur la Terre plus de place que le citadin.

Mais surtout, à l’extérieur des villes, l’automobile n’est pas une coquetterie. C’est une obligation. Parce que les distances à couvrir sont plus grandes, parce qu’il n’existe souvent aucun système de transport en commun, il faut brûler du pétrole pour se rendre au travail, à l’épicerie, au Wal-Mart, à l’aréna, chez le coiffeur. Partout. Résultat: le citoyen motorisé des régions produit plus de gaz à effet de serre que le citadin.

Ce n’est pas tout. Si la vie en région est nuisible pour l’environnement, elle peut l’être aussi pour la santé des individus.

"La banlieue tue", soutenait un rapport de la Fondation des maladies du coeur publié en 2005.

C’est qu’à cause de leur dépendance à l’automobile, les ruraux et les banlieusards font moins d’activité physique que les citadins. Ils risquent davantage d’être victimes d’embonpoint et de maladies cardiovasculaires. Selon la Fondation, chaque kilomètre marché au cours d’une journée réduirait le risque d’obésité de près de 5 %, tandis que chaque heure passée dans une voiture augmenterait ce même risque de 6 %.

Des drames environnementaux encore plus inquiétants ont la région pour théâtre. Et c’est un peu un circuit touristique de la honte que nous propose, en 10 épisodes d’une heure, la série TOXIQUE, à Canal D.

Chaque épisode nous présente une population aux prises avec un bogue écologique majeur.

À Thetford Mines, on meurt encore de l’amiante. À Jonquière, les taux de cancer sont alarmants et l’espérance de vie est moindre que la moyenne provinciale. Là-bas, les regards sont tournés vers l’aluminerie Alcan. On trouve aux abords de la rivière Yamaska – la plus polluée du Québec – de nombreux cas de gastro-entérite. En 2000, les 3840 habitants de la municipalité de Shannon, au nord de Québec, ont appris que l’eau qu’ils buvaient depuis des années était contaminée au TCE. Y aurait-il un lien entre la présence de cette substance toxique et les nombreux cas de cancer et problèmes intestinaux qui se sont déclarés au sein de la population?

Si plusieurs ennuis environnementaux parmi les plus graves du Québec s’installent en région, la raison est simple: c’est aussi hors des grands centres que les industries lourdes les plus polluantes du pays s’installent.

Des industries qui sont souvent responsables de malencontreuses erreurs…

Il est joli le mythe de la vie saine en région. Mais il ne faudrait pas qu’il masque la réalité.

Pour rester cet endroit où il fait bon vivre, la région a de gros défis environnementaux à relever.

Par où commencer?

TOXIQUE, à Canal D, les lundis, à 20h.

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TÉLE

Suivez Yann Arthus-Bertrand, ce photographe qui prend la Terre vue du ciel, à travers ses aventures. Survol des terres sauvages du Kenya, du Kilimandjaro et d’ailleurs. Des scènes à couper le souffle. Première partie de deux. Planète bleue – Vu du ciel, à Télé-Québec, le samedi 29 septembre, 20h.

RADIO

La série L’autre midi à la table d’à côté nous a déjà donné de formidables moments de radio. Entendez, cette semaine, ce qu’ont à se dire Biz (de Loco Locass) et la bibitte de l’Abitibi Raôul Duguay. À la Première chaîne (95,1 FM), le samedi 29 septembre, 11h.