René Lussier, Les Rockeurs de Valves, Ma Blonde est une chanteuse, Standing Waltz
EN VEDETTE: RENÉ LUSSIER
Près d’un an et demi après la parution de son album Le Prix du bonheur, René Lussier poursuit son aventure chansonnière. Alors qu’émergent les premières bribes d’un second tome, l’éminent guitariste devenu chanteur s’amène au Théâtre Petit Champlain, le jeudi 21 septembre à 20h, entouré de Liette Remon (violon), Pierre Cartier (basse) et Claude Lavergne (batterie). S’il se disait au départ terrifié à l’idée de se retrouver derrière un micro, le musicien qui aura 50 ans en avril prochain sera parvenu à dompter ses cordes vocales. "Je commence à démystifier ça un peu; je suis moins terrorisé", confie-t-il, peu de temps après son retour du Festival de musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue, où il s’est commis avec Robert M. Lepage (hommage à Pee Wee Russell) et son projet americana expérimental, Les Queues de Veaux. "Je n’en viens pas à me prendre pour Pavarotti, mais je me fais plus confiance et je prends le temps d’être confortable, de mettre le monde à l’aise et de m’amuser aussi; boire les paroles autant que les servir", illustre-t-il, soulignant écouter désormais beaucoup plus de chanson. "Je n’avais jamais vraiment fait ça et je constate que ça demande pas mal de courage, chanter. Avant, je faisais dans l’instrumental souvent capoté ou semi-populaire, rigole-t-il. Mais là, je prends conscience de tout ce monde-là…"
L’appétit insatiable, Lussier ne sait guère quel sera son prochain dada. Mais entre la musique de film et la préparation d’une réédition bonifiée du Trésor de la langue, il voit poindre un nouveau recueil de chansons, toujours conçu avec sa compagne et auteure, Paule Marier. "On n’en est qu’aux premiers balbutiements, précise-t-il, mais on va s’éloigner de l’hawaïen un peu cette fois-ci; on va plus se rapprocher de ce qu’on fait, nous. Et la prochaine fois, ça sera peut-être un concerto de guitare classique avec orchestre symphonique, s’esclaffe-t-il. Ou non; du flamenco, tiens!" Et comme à chaque occasion nous étant donnée de piquer une jasette avec lui, on soutire à Lussier une de ses récentes découvertes coup de coeur. Si, la dernière fois, c’était le swing hawaïen de Sol Hoopii, c’est du côté des Bahamas qu’il nous aiguille cette fois. "Il y en a un vraiment hot qui s’appelait Joseph Spence. Tu vas rire aux larmes! C’est bon en maudit; le gars, il avait tellement de beat! Puis la façon qu’il chantait, jouait et s’accordait, ça se peut pas!" Bien noté? À vos souris.
VÜ: LES ROCKEURS DE VALVES – MA BLONDE EST UNE CHANTEUSE – STANDING WALTZ
Le vendredi 8 septembre avant l’orage, nous passions par la scène de la 3e Avenue pour voir et entendre les gagnants du dernier concours Envol et Macadam, Les Rockeurs de Valves. On a vite relevé les éléments ayant pu les conduire à ce titre: une énergie et une cohésion certaines, une section de cuivres vitaminée et un meneur aussi efficace au micro qu’aux nombreuses percussions. Expulsant avec vigueur les principaux titres de leur album Sous pression (2005), les six gaillards ont démontré une grande maîtrise de la scène. S’ils ne réinventent pas la roue ni l’essieu, ils offrent néanmoins un ska-rock aux accents punk français tonnant et entraînant.
Le lendemain, retour sur les lieux pour voir à l’oeuvre le groupe gagnant des dernières Francouvertes, Ma blonde est une chanteuse. Formé d’Annie Chartrand (voix), de sa muse d’amoureux Karlof Galovsky (guitare), d’Éric Rathé (guitare, wurlitzer) puis des Chiens Nicolas Jouannaut (basse) et Marc Chartrain (batterie), le groupe déballe une chanson rock pas dénuée d’intérêt, tant pour les sonorités et les ambiances que pour la personnalité singulière de la chanteuse. Comme Galovsky le confiait à un collègue, celle-ci peut évoquer une sorte de Lynda Lemay sous influence, avec un faible pour le western noir et la chanson française. Toutefois, on gardera plutôt comme souvenir de la courte prestation un esprit de power-ballad à mi-chemin entre une version psychédélique de Nuance et une Marjo dépressive.
Puis, entre les percutants Rocketeers, les joyeux Mètatuk et les déments Lesbo Vrouven, on a pu goûter pour une première fois en contexte de spectacle à la pop new wave des jeunes Standing Waltz. Certains continueront de voir en leur jeunesse leur principal attrait et demeureront agacés par le fait qu’ils reçoivent de l’aide pour leurs compositions. N’empêche que Pascale (batterie), Camille (voix, guitare), Sophie (claviers, voix) et Max (basse) ont démontré qu’ils possèdent tout le potentiel pour confondre les sceptiques et qu’au-delà de tout, ils savent fort bien jouer et y prennent visiblement un malin plaisir. Encore un zeste de fignolage, un peu plus d’assurance, quelques autres tubes et ils nous épateront de plus belle.