Aut’Fréquences

Chad Vangaalen, La coalition des groupes de musique en émergence de Québec, Alexandre Belliard

CHAD VANGAALEN

Il est dans son studio à Calgary au moment de prendre notre appel. En pleine écoute d'un enregistrement d'improvisations faites par un artiste nébuleux qui semblent l'intéresser et qu'il partage avec nous. Des sonorités à saveur actuelles qui font penser à des exercices techniques au saxophone dont seul John Zorn avait le secret. Ce n'est pas tant le musicien que le son qui fascine cet artiste solitaire ouvert à l'invention et à l'expérimentation. "C'est l'avantage d'avoir son propre studio, précise-t-il. En ce moment, je m'amuse beaucoup avec un clavier Yamaha des années 80. On peut modifier les fréquences en trafiquant la chip à l'intérieur. Tu veux entendre?" Le clavier résonne avec une rythmique programmée en guise d'accompagnement. Un son très ludique, typique de ces claviers formatés, qui se transforme dès que l'artiste met en fonction le séquenceur qu'il lui a intégré. "On peut vraiment faire quelque chose de très intéressant avec ça… Comme ce son, plus trash…" Il est indéniable que l'homme est à l'aise dans cet univers où se confondent la création et l'invention.

Après cette entrée en matière spontanée, le multi-instrumentiste prend un peu de recul pour constater ses dernières réalisations et les nombreux concerts qui l'ont amené jusqu'au Fillmore West à San Francisco. "Je suis tellement content de faire cette tournée au Canada avec Feist, confie-t-il. Ça nous donne un répit de cette folle réalité américaine. On a quand même été choyés par les groupes avec qui nous avons joué, on n'a pas à se plaindre de ce côté. C'est juste que ce n'est pas aussi relax et agréable qu'ici. Le contact avec les gens est beaucoup plus naturel." Il a fallu à Chad VanGaalen du temps pour s'adapter à la scène. Maintenant, il admet qu'il y trouve beaucoup plus de plaisir. "Je ne donne pas de directives aux musiciens, explique-t-il, on se laisse beaucoup d'espace et l'improvisation est permanente. Nous sommes tous issus d'une culture free-jazz. Sun Ra et même John Zorn, que tu mentionnais tout à l'heure." Pas question non plus de se répéter. Skelliconnection (l'album qui a suivi Infiniheart, une collection d'enregistrements antérieurs rassemblés en guise de premier disque) est presque relégué aux oubliettes. "Je n'aime pas ce disque, tranche-t-il. C'est normal, je crois, d'être dur avec son travail. Le contraire serait étrange. Skelliconnection a plein de défauts, c'est trop éparpillé, trop saturé. En spectacle, on se concentre sur les nouvelles compositions. Je commence à avoir une idée plus précise pour le prochain disque."

À travers les sonorités bidouillées et insolites que l'artiste intègre à ses compositions, qui contribuent à construire cet univers musical original, s'infiltre néanmoins une touche folk. Peut-être à cause de sa voix qui nous rappelle par moments celle de Neil Young (par exemple, dans la pièce Graveyard sur Skelliconnection). "Dès mes débuts, j'ai souvent eu ce commentaire, constate-t-il. Les gens me faisaient un compliment alors que moi, je cultivais encore cette image du vieux rocker des années 60. Je n'osais pas trop en écouter de peur de m'attarder au jeu des comparaisons et d'être influencé. Par la suite, j'ai eu la chance de le rencontrer… Wow! Quel homme formidable et quel artiste!" La conversation aborde une nouvelle direction et l'artiste s'attarde sur l'héritage légué par les artistes de la trempe de Neil Young. "C'est quand même quelque chose, tous ces efforts pour la défense des droits civiques et les actions prises contre la guerre du Viêt Nam. Il y aura sans doute un retour du balancier. Les temps sont fous et les gens se sentent complètement déconnectés. Il y a toujours de la place pour les gens armés… de bonnes idées. Bientôt, j'ai l'impression qu'une révolution devra se produire."

Le 2 juin à 19h
À l'Impérial
En première partie de Feist

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LA COALITION DES GROUPES DE MUSIQUE EN ÉMERGENCE DE QUÉBEC

La Coalition récidive avec le lancement d'une deuxième compilation intitulée Et que ça saute!, qui aura lieu à l'AgitéE le 24 mai à partir de 21h. Revendiquant l'existence de la musique indépendante de Québec, ce disque vous est offert gratuitement à l'entrée du spectacle, au coût de 5 $, où défileront à tour de rôle les artistes membres. Mètatuk, Les Saligauds, Shampoing (Benoit Villeneuve), Jeanphilip et Les Haricots Magiques, entre autres, feront acte de présence.

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EN RAFALE

Alexandre Belliard est à l'Intendant le 25 mai à 20h et le saxophoniste Marcus Monteiro est à Rouje à partir de 23h. Le 26 mai à 20h, Steve Hill est au Petit Champlain alors que le pianiste Matt Herskowitz est à l'Anglicane.

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RENFLENT DANS L'AMPLI CETTE SEMAINE

A tribute to Polnareff – Viktoria Mullova & Katia Labèque – Tortoise – Wilco