Jazz au carré
Antoine Léveillée
La présentation de deux festivals de jazz sur les deux rives en a surpris plusieurs, nous les premiers. Deux événements, à Québec et à Lévis, du 9 au 12 août, avec le jazz comme credo. Il n’en fallait pas plus pour susciter les questions et alimenter la controverse, suggérant une rivalité sous-jacente. Pour nous informer sur cette situation inusitée, nous avons rencontré les deux responsables de ces manifestations, soit Joël Thibault, directeur de la programmation du Festival Jazz Etcetera de Lévis, et Gino Ste-Marie, administrateur du Festival de jazz de Québec.
Ces deux rendez-vous pour jazzophiles soulignent leur naissance avec une fébrilité palpable et des attentes réalistes, pour asseoir la pérennité et le bien-fondé de leur entreprise. Une question brûle les lèvres en ce qui concerne la proximité des sites et la similitude des dates: ne valait-il pas mieux s’associer pour ainsi composer avec un public plus large et éviter la division? "Ce fut une surprise pour les deux parties", explique Joël Thibault, saxophoniste de profession qui en plus de faire partie du groupe Les Outsiders oeuvre au sein de Sax-O-Matic. "Au moment où nous avons constaté ce concours de circonstances, toutes nos ententes avec les commanditaires ainsi qu’avec la Ville de Lévis étaient déjà signées. C’était impossible de revenir en arrière. On en tire les conclusions qu’il y a deux festivals et que c’est tant mieux! Pour nous, avant tout, ce que l’on développe passe par la ville de Lévis, et on fonce!" Une réalité avec laquelle compose le propriétaire du Largo Resto-Club, lieu de diffusion incontournable pour le jazz à Québec et partenaire du Festival d’été. "Ce n’est pas tant une nuisance qu’un complément, et j’ai été très clair là-dessus dès le départ, indique Gino Ste-Marie. D’autres se sont concentrés pour traduire cela par une guerre sur deux rives, et ce n’est pas correct. Il y a un bassin de population assez important sur chaque rive pour aller chercher du monde. Toutes les stratégies sont possibles pour séduire les amateurs de jazz, et ce, des deux côtés." L’élaboration de la programmation, elle, s’est effectuée de manière distincte, amenant ainsi certains musiciens à se retrouver dans les deux grilles horaires. Une seule condition: ne pas offrir le même spectacle sur les deux rives. Un compromis élaboré en réaction aux ententes d’exclusivité qui avait été antérieurement signées par les musiciens engagés sur la rive sud.
Pour le responsable de Jazz Etcetera, la mission était claire: il fallait rendre le jazz accessible à tous. "C’est le mot d’ordre qui a déterminé notre programmation, précise-t-il. L’accessibilité pour nous passait entre autres par le jazz vocal. Ce style est à la croisée des chemins et contribue à réunir toutes les générations. Mais, c’était important aussi de concentrer la programmation sur le jazz sans faire trop de compromis. C’est pour cela que nous avons un seul spectacle de blues, celui de Mike Goudreau." La programmation réunit, entre autres, le duo Carmen et David et Christine Tassan et Les Imposteures le 10 août, le Dixieland Band le 11 et la formation Stricly le 12. En plus des prestations données sur la grande scène, et de l’Anglicane où se produiront Oliver Jones et le Trio Guillaume Bouchard, des spectacles de rue auront lieu tout au long de la journée.
Pour le Festival de jazz de Québec, l’objectif était de composer un parcours naturel dans le quartier Saint-Roch. Du parvis de l’église Saint-Roch à l’agora de la bibliothèque Gabrielle-Roy, les gens sont invités aux rendez-vous extérieurs sur les terrasses du Boudoir, du Versa et du Yuzu, avec des prestations de Thomas Carbou et François D’Amours, de Virginie Hamel et du Quatuor Janis Strepan ainsi que du Trio Gilles Bernard. À compter de 19h30, le Théâtre de la Bordée accueillera les spectacles en soirée; parmi les artistes invités: Dorothée Berryman le 9 août, le tandem composé du pianiste (et vibraphoniste) John Campbell et du contrebassiste Pat Senator le 10 et la chanteuse Gretchen Parlato accompagnée de Lionel Loueke le 11. Par la suite, à partir de 21h, le Largo reçoit. Sont au programme, dans l’ordre, du 9 au 12 août, des prestations de Villemure Ô Carré, du Sienna Dahlen Quartet, de Steve Amirault et de Vanessa Rodrigues (pour une performance sur Hammond B3 en compagnie d’artistes invités). Aux amateurs de soirées tardives le Boudoir ouvre ses portes avec le Trio Jazz Cocobolo et Saillant le 9 ainsi que le Jazz Culture Club, qui investira les lieux les 10 et 11 août. Cela sans compter le projet Artistes sur rue le 11 août, pour la manifestation Live sur le jazz.
SE BE-BOPPENT DANS L’AMPLI CETTE SEMAINE
Duke Ellington – Thomas Carbou et François D’Amours – Dave Douglas – Architecture in Helsinki