Aut’Fréquences

Retour sur Tadoussac

 La chanteuse française MeLL en a mis plein la vue au Festival de la chanson de Tadoussac.

La 25e édition du Festival de la chanson de Tadoussac a été célébrée sans controverse cette année. Les FrancoFolies, de retour dans leur case horaire initiale, n’ont pas fait ombrage à cette programmation anniversaire. La directrice artistique Catherine Mark en était ravie, tout était réuni pour une célébration unique. Les artistes étaient au rendez-vous, ainsi que les festivaliers, qui ont pu profiter d’une météo idéale.
Cette programmation 2008 a donné une place de choix à la chanson francophone, et quelques grands noms ont contribué à son rayonnement. Diane Dufresne a fait salle comble avec un spectacle intime et d’une rare intensité. Daniel Lavoie et Plume Latraverse complétaient cette liste de renom. Ce dernier n’a rien perdu de sa verve ni de sa répartie. Dans un spectacle acoustique bien fignolé, il reste lui-même avec sa spontanéité qui sollicite une interaction chaleureuse. Le chansonnier est toujours aussi attachant avec son côté bourru et il ne manque pas d’humour. «Éloignons-nous de moi, a-t-il dit à la foule réunie, et soyons sérieux, comme Daniel Lavoie.»
En marge de ces têtes d’affiche, les jeunes artisans de la chanson se bousculaient sur le site du Festival, qui laisse une place de prédilection à la découverte. C’est sur la Scène Hydro-Québec, à proximité de l’église du village, que la chanteuse française MeLL en a mis plein la vue. Surtout lors de sa deuxième performance, où l’on sentait que le spectacle de la veille avait fait jaser en constatant l’ampleur de la foule réunie sous le chapiteau. Avec son discours engagé et d’autres fois aux limites de l’absurde, on est en face d’une bête de scène qui semble indomptable et imperturbable. Elle fait la moue, elle tire la langue et elle boit de la bière comme un homme. Un côté punk irrévérencieux qui s’additionne à un jeu de guitare autoritaire. Un Jacques Higelin des belles années, au féminin, dont on entendra encore parler. D’ailleurs, vous aurez la chance de vous faire une opinion cet été alors qu’elle investira l’Agora au mois d’août prochain. Nous en reparlerons.
Si MeLL était dans son élément, le chanteur Moran semblait plutôt se chercher. On m’avait dit beaucoup de bien de cet auteur-compositeur. Dans la salle de l’hôtel Tadoussac, il a tenté d’imposer son rythme et surtout sa personnalité. Son répertoire est dense et est appuyé par une voix qui se prête bien à la confidence, mais qui se résume souvent à des réflexes maniérés. La salle semblait se lasser de ses apartés qui prennent une place démesurée dans son tour de chant. Tout le contraire avec la chanteuse Magnolia, qui rayonne par sa candeur et son talent. En compagnie du guitariste Rick Hayworth et du contrebassiste Mario Légaré, elle prend sa place avec aisance dans une bulle folk où la confidence n’a rien de superficiel et où ses coups de cour personnels (Steve Earle, par exemple) sont évocateurs.
Le Festival demeure aussi un lieu de formation pour plusieurs artistes, qui y suivent des ateliers d’écriture supervisés par le sympathique Xavier Lacouture. Un lieu de transition où s’associent plusieurs organismes pour tenir le château fort de la chanson francophone. C’est ainsi que les artistes de 5 X 5, en résidence au Théâtre Petit Champlain, croisent Gaële et son complice Jipé Dalpé, qui s’envoleront sous peu vers Saint-Malo, où siège un autre festival. Benoit Paradis, Philémon et Bruno Marcil ont pu profiter eux aussi de ces vitrines de prédilection, en face d’un public attentif et réceptif.
C’est sur le site de l’auberge de jeunesse et au Café du Fjord que la nuit se poursuit jusqu’aux petites heures. Nous pourrions décrire ce lieu comme l’épicentre de la scène alternative où la chanson s’éclate dans toutes les formes. Les Socalled, Radio Radio et Creature ont attiré leur lot d’inconditionnels. Madame Moustache aussi, qui a fait sensation pendant son séjour: Geneviève Néron et Julie Ross cultivent une complicité qui se prête à merveille à leur mise en scène «countr(i)». Un peu caricatural, mais néanmoins contagieux.
Pour le défoulement collectif, c’est le groupe world Ouanani qui remporte la palme. Mené de main ferme par Jean Arsenault et Sadio Sissokho, le groupe était dans son élément, comme les baleines qui se prélassent dans le fjord. Habitué aux performances marathon, le groupe africain-antillais-québécois aurait pu continuer jusqu’au lever du soleil. Un soleil qui s’est retiré le dimanche, journée de clôture, alors que le Festival en était à l’heure des bilans.

EN RAFALE
Alexandre Belliard et LaTourelle Orkestra seront au Cercle le 19 juin à 22h. Le 21 juin, Jérome Minière sera à l’Espace 400e à 20h et Tricot Machine à l’Anglicane à la même heure.

SE PLONGENT DANS L’AMPLI CETTE SEMAINE
Coldplay, Viva la Vida – Stacey Kent, Breakfast on the Morning Tram – The Dresden Dolls, No, Virginia – Slim Twig’s, Vernacular Violence.