Aut’Fréquences

En vedette: Hypnotic Brass Ensemble

 Gabriel "Hudah" Hubert: "Lorsque tu nous entends jouer, nous n'avons plus de masques. Il n'y a plus de barrières, c'est nous."

Le Festival de jazz de Québec (www.jazzaquebec.ca) est bonifié cette année de quelques lieux de diffusion qui contribueront à diversifier son offre. Le Cercle, lui, porte le chapeau "alternatif" et accueillera, entre autres, le Hypnotic Brass Ensemble le 24 septembre à 22h. Ce collectif de cuivres composé de neuf musiciens, dont huit frères, a vu le jour à Chicago. Difficile de fixer une date de début précise pour cette union musicale. Enfants, la couche encore aux fesses, ils baignaient dans le jazz. Tout s'explique lorsque l'on constate que le père de ces huit prodiges n'est nul autre que Kelan Phil Cohran, un trompettiste de la scène jazz d'avant-garde dans les années 50 et 60. Une figure de proue pour ses fils, qui volent maintenant de leurs propres ailes, bien établis à New York.

Nous entrons en contact avec le trompettiste Gabriel "Hudah" Hubert alors qu'il se trouve en pleine réunion familiale, à Chicago. "La musique, c'est notre vie, précise-t-il. Tout petits, c'est ce qui nous rassemblait dans le salon de notre mère. Je pense que mon père et ma mère, comme les autres parents, avaient un plan pour leurs enfants. L'enseignement de la musique en faisait partie. Malgré tout, il fallait composer avec le monde extérieur. L'école et le collège, c'était très important. Mais, à la maison, c'est la musique qui régnait."

Un apprentissage qui leur a inculqué une discipline exemplaire, mais aussi certaines valeurs fondamentales. Ainsi, cet ensemble indépendant résiste encore et toujours aux dictats de l'industrie qui regorge de concepts commerciaux. Malgré cette indépendance, le Hypnotic Brass Ensemble s'est retrouvé à plus d'une reprise en première partie de Blur et aussi de The Good, The Bad & The Queen, en compagnie d'un batteur nommé Tony Allen. "C'est le king, affirme-t-il. Nous l'appelons "Uncle Tony" et il nous aide beaucoup, tout comme Damon Albarn (Blur, Gorillaz). Lorsque tu joues aux côtés de Tony Allen sur scène, tu le suis. Et ça ne peut qu'être la seule voie à emprunter. Il sait exactement ce qu'il veut, il t'intègre dans sa rythmique et tu comprends pourquoi il se distingue de la sorte. En fait, il est à ce point unique qu'ils ont donné un nom à sa musique: afrobeat!"

Avec un premier album complet à son actif (éponyme, sur Honest Jons Records), ce groupe nous offre un exercice instrumental qui intègre autant le jazz standard que le soul ou même le hip-hop. Un jazz sans frontières et accessible avec ses harmonies qui sont bien définies mais non exemptes de groove. "Pour nous, c'est de la cosmic music. Lorsque tu nous entends jouer, nous n'avons plus de masques. Il n'y a plus de barrières, c'est nous."

À SURVEILLER AU FESTIVAL DE JAZZ DE QUÉBEC

– Le trompettiste américain Christian Scott au Palais Montcalm le 24 septembre à 20h. Une rare visite pour cette tête d'affiche qui se compromet autant dans le jazz que dans le hip-hop.

– Le saxophoniste André Leroux sur la scène du Largo Resto-Club le 24 septembre à 21h, avec son quartet. Son dernier album, Corpus Callosum, est déjà un classique du jazz made in Québec.

JAZZONS DANS L'AMPLI CETTE SEMAINE

Christian Scott, Litany Against Fear – Hypnotic Brass Ensemble, Rabbit Hop – Eliane Elias, They Can't Take That Away from Me – Boulou et Elios Ferré, La Ballade de Sacco et Vanzetti.