La palme revient à Arcade Fire, un moment unique de l'édition 2010 du Festival d'été de Québec.
Alors voilà, c'est fait. Deux ans plus tôt que prévu, grâce à de grosses pointures de la musique et à une météo quasi parfaite, le Festival d'été de Québec a atteint son objectif: réunir 1,5 million de festivaliers et de figurants pendant 11 jours autour d'une programmation musicale. Daniel Gélinas, directeur général, l'a dit: "2010, c'est l'année des records." Avec 1,5 million, on marquerait d'une pierre blanche une stratégie administrative inflationniste amorcée il y a plus de cinq ans.
Cent cinquante mille laissez-passer ont trouvé preneur cette année, dont plusieurs revendeurs qui ont créé un effet de rareté. Avec la mise en vente de billets additionnels pour les spectacles de Lara Fabian, Roger Hodgson, Arcade Fire, Gilles Vigneault et Billy Talent sur les Plaines, on a fait sauter la banque.
Le FEQ semble même avoir dépassé son grand frère, le Festival international de jazz de Montréal. On prévoit des recettes à la billetterie de plus de six millions de dollars à Québec, alors que le Jazz à Montréal enregistrait des revenus d'un peu plus de quatre millions cette année.
Après tous ces chiffres, on s'attendait à recevoir une avalanche d'évaluations quantitatives de la part du FEQ en ce qui concerne les foules réunies sur les Plaines. Avec le fameux bracelet à puce, l'exercice serait simplifié et, surtout, précis. Mais… non. Ce n'est pas d'intérêt public, et on ne peut quantifier la qualité artistique d'un spectacle uniquement par un nombre.
Parfaitement d'accord. La qualité artistique ne se mesure pas en chiffres, même si le maire Régis Labeaume n'est pas d'accord avec cette philosophie. Mais il est surprenant d'entendre ce discours de la part d'une organisation qui nous a assommés avec des évaluations surréalistes dans le passé: 90 000 à KISS, 120 000 à Sting et 250 000 à Paul McCartney…
On s'abstient aussi par respect. Pensons à Fabian, Hodgson et Vigneault. Et sans doute pour cette production passéiste: Les Chansons d'abord, dans laquelle Ariane Moffatt devait se sentir bien seule. Trois spectacles ont rempli les Plaines en 2010: Iron Maiden, The Black Eyed Peas et Rammstein. Avec Santana et Rush, on était loin du compte…
L'ÉVÉNEMENT ARTISTIQUE
La palme revient à Arcade Fire, un moment unique dans cette programmation 2010. Non seulement parce que c'était la première visite à Québec de la formation montréalaise, mais aussi parce que l'organisation signait autre chose qu'un groupe vieux de 30 ans pour meubler les Plaines. L'album The Suburbs promet, et Régine Chassagne a plus de crédibilité dans le dossier Haïti que Luc Plamondon…
LE SPECTACLE
On entretient parfois le plaisir coupable d'en vouloir plein la gueule. Avec la formation allemande Rammstein sur les Plaines, difficile de demander mieux. Un coup de maître (exclusif) signé Dominique Goulet, directrice de la programmation, qui a eu bien du fil à retordre avec le dossier francophone…
MOMENTS FORTS
La folie du No Smoking Orchestra avec Emir Kusturica à place D'Youville et le groupe britannique The Heavy à l'Impérial.
REGRETS
Avoir manqué Charlie Winston, Hindi Zahra et Allen Toussaint.