Aut’Fréquences

Nomade sédentaire

Une visite de courtoisie s'imposait dans les nouveaux bureaux de la compagnie de disques Nomade. Non seulement ses productions discographiques se multiplient, mais l'entreprise a décidé d'aménager un local administratif afin de répondre à la demande croissante de la scène locale à Québec. Isabeau et les chercheurs d'or, Who Are You, Jane Ehrhardt (voir article ici) et These Silent Waves sont déjà associés au label. La liste ne fait que croître depuis deux ans et on constate que la ville de Québec héberge maintenant une société culturelle indépendante audacieuse.

N'allez pas croire que l'organisation roule sur l'or, c'est plutôt son schéma d'entreprise et la passion de ses fondateurs qui justifient cette croissance. En compagnie d'Éric Blanchard (directeur artistique), Simon Pelletier-Gilbert (responsable au développement) et Jean-François Côté (responsable technique au studio), tous trois associés dans cette aventure, nous faisons le tour du lieu, qui s'ajoute au Studio Clan Destin (aussi propriété de Nomade) qui siège de l'autre côté de la rue. "Nous aurons un nouveau studio ici, nous dévoile Éric Blanchard. Pour faire de l'overdub et pour enregistrer des démos. Ces rénovations, c'est une initiative endossée par les trois gars que tu as en face de toi. À partir des revenus de production en studio et de spectacles, on paie nos factures et on réinvestit l'argent qui reste dans l'entreprise. C'est comme ça depuis le début."

Ne cherchez pas les subventions, ou encore une enveloppe de la part du programme Première Ovation parrainé par la Ville de Québec. Les trois mousquetaires en sont encore à l'étape de démarchage en ce qui concerne le financement. "Après deux ans, on commence seulement à avoir droit aux programmes d'aide de Musicaction pour soutenir le groupe Isabeau et les chercheurs d'or", souligne Simon Pelletier-Gilbert à propos de la formation, qui participe aux Francouvertes cette année. "Auprès de la SODEC (spécialisée dans le développement des entreprises culturelles), c'est au printemps que notre entreprise sera admissible."

Le disque est mal en point, paraît-il, mais Nomade ne semble pas trop s'en faire avec cette réalité. "On est surtout un point d'appui pour les artistes de Québec, souligne Simon Pelletier-Gilbert. Oui, on est là pour qu'un disque soit distribué et vendu en ligne, mais on fait aussi du booking et de la cogérance. Inévitablement, on est en contact avec des entreprises culturelles à Montréal. Peu importe le format, la musique doit se faire entendre. Ça, ça ne changera pas."

C'est maintenant au tour de Tire le coyote (Benoit Pinette, photo) de s'ajouter à l'écurie Nomade. L'artiste nous présentera son premier disque, intitulé Le fleuve en huile, le 17 mars au Théâtre Petit Champlain à 20h. "On est un partenaire, précise Éric Blanchard. Pour Tire le coyote, le disque était déjà enregistré et on sert de levier pour son lancement, c'est parfait! On peut soutenir un artiste jusqu'à un certain point, et les besoins sont différents d'un groupe à l'autre. Nous, on cherche surtout à travailler avec des artistes entreprenants et autonomes."