Parfois, la littérature et la musique se fréquentent, et certains musiciens s'inspirent malgré eux de certains auteurs pour préciser un style d'écriture. En écoutant la musique du groupe A Lull (photo), la mise en scène sonore qui accompagne la voix et les mots de Nigel Dennis nous a intrigué. L'idée nous est venue d'approfondir avec lui sa méthode de travail à titre de parolier.
Ce quintette de Chicago pourrait sans problème se limiter à l'instrumental tellement les arrangements complexes, les échantillonnages électro-acoustiques et les percussions sont omniprésents dans ses compositions. Malgré tout, des scénarios s'illustrent tout au long des 11 pièces contenues sur son dernier album, Confetti. "Je partage l'écriture avec Todd [Miller, le cofondateur du quintette] et nous collaborons étroitement. Nous aimons aborder des sujets très simples, issus du quotidien. Des expériences personnelles, significatives ou non. Lorsqu'une idée intéressante s'en dégage, on l'évoque. Ce que je déteste, c'est lorsqu'un auteur tente par mille moyens d'extrapoler ou de faire une analyse profonde de certains évènements. Nos thèmes peuvent paraître profonds et sérieux, mais nous évitons à tout prix la psychanalyse."
Nigel Dennis avoue une admiration sans bornes pour l'auteur Cormac McCarthy, dont les romans No Country for Old Men et The Road ont été adaptés au cinéma. Une source d'inspiration qu'il cultive avec assiduité. "The Road est sans doute l'un de mes romans favoris. J'ai eu un choc en lisant ce livre. Ce qui est particulier avec Cormac McCarthy, c'est qu'il dit peu de choses, mais les décors qui accompagnent ses histoires sont très symboliques, significatifs. Sa façon de mettre en scène l'action est d'une efficacité incroyable. J'aimerais pouvoir être aussi percutant sans me perdre dans les détails."
"Upton Sinclair est un autre écrivain américain du même acabit, ajoute-t-il. Son roman Oil [qui a inspiré le scénario du film There Will Be Blood] est une fresque américaine incroyable. Je crois que ces auteurs ont su aborder adéquatement ce qui distingue le continent américain tout en illustrant le caractère de ceux qui y vivent. Ce territoire est unique, il nous fascine et nous fait peur. On dirait qu'il y a toujours une épreuve qui nous attend."
A Lull sera sur la scène de l'amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Desjardins à l'Université Laval le 14 septembre à 20h20, à l'occasion du Show de la rentrée.
À surveiller
La nouvelle salle de spectacle Espace Hypérion (l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, rue Saint-Joseph Est), qui entre en activité cette semaine. L'endroit vous propose la pianiste Mimi Blais le 9, Mara Tremblay le 10 et la soprano Lyne Fortin le 11 septembre. Tous les concerts débutent à 20h.