Conjurer le chef-d’ouvre
Lorsque Taylor Kirk a décidé de nous présenter officiellement l’album Timber Timbre en 2009, le bouche à oreille avait déjà fait son œuvre pour faire de ce disque un petit phénomène musical lors de sa sortie sur l’étiquette Arts & Crafts (l’album avait déjà paru quelques mois auparavant de manière indépendante). Les réactions étaient comparables à celles que génère la parution d’un nouveau Bon Iver ou Bonnie Prince Billy. La voix captivante de Kirk et la thématique troublante de cette production folk et lo-fi nous avaient subjugué.
Après avoir réalisé ce petit chef-d’œuvre – une création sombre où les symboles religieux étaient presque défroqués, et qui rangeait aux oubliettes les questions existentielles parfois inutiles -, comment continuer son bonhomme de chemin et faire comprendre aux nouveaux adeptes (l’artiste avait déjà réalisé deux albums auparavant: Cedar Shakes et Medicinals) qu’il ne s’agissait là que d’une parenthèse musicale salvatrice et circonstancielle? Taylor Kirk a trouvé et a décidé de faire de Timber Timbre un trio officiel dont il partage maintenant la direction artistique avec les musiciens Simon Trottier (lap-steel et claviers) et Mika Posen (violon). Peu enclin à prendre les devants de la scène, il a ainsi trouvé la formule idéale pour prévenir toute forme d’élucubrations sur cette écriture mystérieuse. Un exercice littéraire et rien de plus, selon lui.
On avait d’ailleurs eu l’occasion de constater le résultat de cette mutation lors d’une visite du groupe au Théâtre Petit Champlain l’année dernière. Déjà, le travail sur l’album Creep On Creepin’ On était complété et Timber Timbre avait décidé de laisser une large place à ce nouveau répertoire lors de ce concert. Malgré des conditions idéales (et une écoute religieuse), cette trop courte performance nous avait laissé perplexe, déçu d’être ainsi privé d’un coup de foudre discographique au profit de ces nouveautés en chantier.
Le dernier album a maintenant fait son chemin et a même été finaliste au prix Polaris cette année. Les invités se sont additionnés sur cette production qui fait parfois écho à celles réalisées par Nick Cave. On peut même y entendre le pianiste Mathieu Charbonneau et le saxophoniste Colin Stetson, deux brillants instrumentistes. Le traitement musical est audacieux et on se demande bien comment le trio adaptera le tout pour la scène. Une chose est sûre, Timber Timbre a déjà signé des classiques et son passage au Théâtre Petit Champlain, le 6 octobre à 20h, est à souligner.
The Barr Brothers
Voilà un autre phénomène folk montréalais que le trio Plants & Animals n’arrêtait pas de nous présenter en première partie de ses spectacles. Cette fois, le groupe The Barr Brothers nous revient avec une nouvelle production discographique homonyme en poche, tout juste avant Timber Timbre.
À surveiller
Bloodshot Bill et le Burlestacular Show au Cercle le 9 octobre à 21h. Ce sera rock et rétro, à l’image du personnage principal qui est soudé au rockabilly.