Brendel: sérieux ou pas?
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Brendel: sérieux ou pas?

Ce n’est pas à titre d’interprète ou en concert que nous aurons la chance de voir le pianiste Alfred Brendel à Québec, mais bien dans un climat plus convivial où l’artiste nous fera part de ses réflexions sur la musique classique et l’interprétation à la salle Octave-Crémazie le 18 octobre à 20h. Ce n’est pas non plus une classe de maître, mais plutôt une conférence musicale où l’érudit de 81 ans (qui a pris officiellement sa retraite du circuit des concerts cette année) nous livrera sa pensée.

Déjà, le titre de cette conférence présentée en anglais – Must Classical Music Be Entirely Serious? (La musique classique doit-elle toujours être sérieuse?) – a de quoi nous intriguer. Alfred Brendel tente ici de prouver que la musique à l’état pur (sans paroles et sans mise en scène) peut faire preuve d’humour, d’esprit et parfois même d’ironie. Un fait qui, aux yeux de l’interprète, a trop souvent été rejeté du revers de la main par certains musicologues et philosophes qui ont vu dans le travail des «grands compositeurs de génie», tels que Haydn et Beethoven, un exercice studieux et théorique visionnaire. Avec comme seul décor un piano, l’interprète voudra nous montrer, à l’aide d’extraits bien choisis, que certains compositeurs ont par moments traduit en musique des traits d’esprit dont l’interprète devrait tenir compte.

Le pianiste, dont la publication d’essais et de recueils de poésie a jalonné la carrière prestigieuse, avait présenté cette conférence en 1984 à la demande de l’Université de Cambridge. Brendel avait alors séduit l’assistance en désacralisant certains mythes liés à l’interprétation et à l’écoute de la musique dite «sérieuse», égratignant au passage certains de ses collègues pianistes parfois plus enclins à faire la démonstration de leur virtuosité qu’à «faire une représentation honnête des véritables intentions du compositeur et de son œuvre». Pour Brendel, c’est une loi fondamentale: l’interprète est au service de l’œuvre et non de lui-même.

Alfred Brendel a entre autres choisi de dévoiler dans cette conférence les secrets des Variations Diabelli de Beethoven, un recueil pianistique qu’il considère comme l’une des plus grandes œuvres jamais écrites pour le piano. Il souligne aussi l’importance de l’humour dans ces compositions, y voyant une sorte d’exercice satirique sur un seul thème. D’autres compositeurs, tels que Haydn, Mozart, Schubert et Liszt, seront eux aussi mis en lumière par le pianiste.

L’artiste d’origine tchèque (d’adoption autrichienne), qui est passé à l’histoire en devenant le premier pianiste à avoir enregistré l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven dans les années 50, est sans aucun doute un phénomène. Rares sont les interprètes qui ont mis autant d’efforts et d’énergie dans l’art de communiquer la musique et l’expérience personnelle que tous devraient entretenir avec elle.

Trio Wanderer

Au Palais Montcalm cette fois-ci, le Trio Wanderer, composé de Vincent Coq (piano), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon) et Raphaël Pidoux (violoncelle), sera sur scène le 18 octobre à 20h. Le trio français interprétera le Trio à l’archiduc de Beethoven.