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Québec fait son rap

La dernière visite de Ghostface Killah à Montréal, le 27 novembre au Club Soda, a été marquée par la disparition tragique, quelques jours plus tôt, d’un promoteur de spectacles hip-hop nommé Matthew «Dutch» Garner, brûlé vif dans son appartement après avoir été aspergé d’essence. Ce règlement de comptes a choqué la métropole et ramené sur le tapis les discordes entre gangs de rue, en plus de prouver que la musique rap continue d’alimenter la controverse. Lors d’un entretien avec le rappeur américain qui a amorcé sa carrière avec le Wu-Tang Clan, on a tôt fait de lui mentionner que son concert à Montréal était en hommage à Garner. Informé sur les circonstances et les détails entourant la disparition de l’individu, l’artiste n’a pu que répondre deux mots: «My God!»

À Québec, la réalité est différente et un récent reportage de l’émission Enquête à Radio-Canada se questionnait sur l’existence réelle de «gangs de rue» dans la capitale. Autrement dit, pourquoi doit-il y avoir une présence aussi importante de policiers lors d’un concert hip-hop? Le promoteur de spectacles Karl-Emmanuel Picard, qui produit le spectacle de Ghostface Killah au Cercle le 18 décembre et qui a fait venir le rappeur Redman à l’Ozone du boulevard Laurier dernièrement, ne s’en fait pas trop avec ça et constate que le créneau musical en question mérite d’être représenté dans l’agenda culturel.

«Pour le spectacle de Redman, nous avons eu une salle de 700 personnes; c’est très bon, constate-t-il. Il y avait un peu plus de policiers que de coutume, mais tout s’est bien passé. Les amateurs de rap sont des die hard fans, un bon public. Bon, Killah Priest [issu lui aussi du Wu-Tang Clan], que nous avons produit au Dagobert en 2007, avait plus ou moins bien marché. Mais là, je crois qu’on peut envisager quelque chose de plus régulier. Mon objectif serait de faire venir Snoop Dogg à Québec bientôt, peut-être au Centre des congrès. Moi, je veux rendre ces événements festifs et les présenter comme un bon party. Il n’y a rien de négatif là-dedans.»

Même que les diffuseurs et propriétaires de salles de spectacle de Québec semblent ouverts à l’idée. Jusqu’à maintenant, Picard (aussi gérant de Dance Laury Dance) n’a essuyé aucun refus. «Le fait que je m’associe avec la boutique Exo et que j’organise d’autres événements sur une base régulière, ça met en confiance. Je produis toutes sortes de musique. J’ai travaillé à l’époque pour l’équipe qui a fait venir 50 Cent au Colisée [en 2005]. Tu constates rapidement que l’entourage de ces vedettes, ce sont des hommes à cravate. C’est aussi pro qu’un show pop.»

Après Ghostface Killah, et d’ici la venue de Snoop Dogg (sait-on jamais), quelques noms défileront sur les scènes de Québec prochainement, comme Kurupt au Dagobert le 29 janvier, et possiblement Raekwon par la suite. Le bal est lancé.

Noël selon les ancêtres

Le Théâtre Exaltemps conjugue l’histoire au théâtre musical avec la pièce Noël 1933. Une fresque historique originale qui se démarque dans l’offre parfois bancale des spectacles de Noël. Conçu par la metteure en scène Chantal Grenier et l’auteure Dominique Grenier, le spectacle sera de passage à Québec du 15 au 18 décembre à l’Expo-théâtre de la Visitation. Pour la programmation complète: theatreexaltemps.ca.