L'année du trance Top 3
B.P.M.

L’année du trance Top 3

L’année du trance

Le rave a perdu son sens originel: il est maintenant institutionnalisé. Ce phénomène ne pourra plus jamais être considéré comme une mode passagère. Signe de la maturité et de l’importance que connaît le mouvement, on y trouve des courants plus commerciaux. L’arrivée du trance progressif en l’an 2000 a permis aux événements d’être produits dans des endroits de plus en plus imposants. Cinq ans après l’Europe, l’Amérique du Nord est tombée sous le charme de ce style qui allie le rythme house au trance hypnotique. Il a fait beaucoup jaser dans le milieu ces derniers temps; j’ai donc profité de quelques entrevues avec des D.J. de renommée mondiale et de styles très variés pour me pencher sur cet engouement.

Maître du trance progressif, Timo Maas spécifie d’emblée que le trance est uniquement "le sentiment qu’exprime la musique, pas les stéréotypes qui y sont habituellement rattachés. Il y a tellement de D.J. qui jouent du trance aujourd’hui; ce n’est pas nécessairement mauvais puisqu’il y a différents mouvements et que le phénomène prend diverses directions".

Avant l’arrivée du trance progressif, les partys trance étaient majoritairement influencés par le trance psychédélique (ou psy-trance), implanté il y a une vingtaine d’années dans la région de Goa sur la côte ouest de l’Inde. La scène montréalaise n’avait connu jusqu’alors que des partys à proportions assez réduites (quelques centaines de personnes à la fois), et cela avait aidé à rapprocher les promoteurs du milieu (il y a aussi une certaine philosophie très amicale derrière le psy-trance). Cependant, la popularité des raves a chambardé cette situation. Issu du groupe israélien trance psychédélique très respecté Infected Mushroom, Duvdev souligne que "le trance progressif est plus près des gens, comme le house. Je n’aime pas absolument tout dans ce style, mais je peux comprendre qu’il est plus facile de s’identifier à ce genre de musique. Il offre un produit plus léger avec un rythme plus lent et de belles grandes mélodies. Le psy-trance, au contraire, est beaucoup plus rapide et donc moins accessible pour les novices". Mais le D.J. house et roi du Stéréo, Angel Moraes, rappelle que cela rend justement le trance progressif beaucoup plus impersonnel. "C’est davantage commercial que ce que je joue. Lorsque tu mets du trance dans un rave, il y a de 5000 à 10 000 jeunes et tu perds le contact avec cette foule. À moins que ce ne soit un excellent party comme Angels of Love, à Naples, en Italie (3000 à 4000 personnes); mais c’est un party, pas un rave ou un trance-machin. Ce n’est pas mon genre de foule."

Cette capacité de rejoindre un plus grand nombre a tout de même des avantages, affirme A Guy Called Gerald. "Cette musique permet à plusieurs personnes de faire un premier pas dans le monde de la musique électronique, me disait-il cet été. Je crois que c’est une musique extrêmement polyvalente, mais nous venons d’ouvrir la première porte et il reste tellement d’avenues à découvrir."

Très accrocheur, le trance progressif est désormais aussi marqué par les chiffres de ventes des albums d’artistes tels Paul Oakenfold, Sasha ou Deep Dish; il joue ainsi dans les plates-bandes des palmarès habituellement réservés aux superstars. Alex Paterson, du groupe The Orb, rappelle une des plus grandes craintes rattachées à ce mouvement d’envergure: "C’est épeurant puisque le point central de tout cela devrait rester le public et non le vedettariat…"

Aussi à surveiller
– Le Liquid reçoit les D.J. techno Pfreud et Domino, le 4 janvier.

– Le même jour, C-Rat de Toronto donnera une saveur ragga/jungle à la soirée Binary du Culture Club (6 $). Le 11 janvier, ce sera Fil-E Blunt d’Ottawa qui offrira son speed-garage.

– Le 6 janvier, Nic B et Phil Larochelle reçoivent au Jingxi le tag team sur quatre tables tournantes de Michel Deveau et John Farrugia de Halifax (6 $).

Doc Martin est invité au Sona le 6 janvier.

– Le Montréalais Dubline est invité à la soirée drum’n’bass Electric Lounge du Jazzi’z le 8 janvier.

– Le Stéréo présente son staff party annuel le vendredi 5 janvier en compagnie de la vedette locale et maintenant internationale Robert De La Gauthier. Du house groovy au maximum pour 20 $ à la porte.

Top 3
Étienne Côté-Paluck
1- Nightmares on WaxDJ Kicks (K7)

"Le meilleur du hip-hop mixé parfaitement. C’est complètement dément."

2- Matthew HerbertGlobus Mix Vol. 5 – Let’s All Make Mistake (Tresor)

"Un disque que j’ai adoré pour sa simplicité et sa facilité d’écoute dans tous les contextes. De Moloko à Plastikman."

3- Timo MaasMusic for the Maases (Hope)

"C’est l’artiste qui a marqué l’année sur les pistes de danse; il nous offre ses propres compositions et ses remix. Un deux dans un."

J’ai profité de cette revue de l’année pour vous proposer mon palmarès personnel des albums mixés de l’année. Comme ce genre de disques pullulent, mon choix fut difficile. Je tiens donc à mentionner la série de compilations Global Underground (dont celle de Daren Emmerson), tout comme celles de Renaissance et Moonshine. Il faut aussi souligner l’excellente série Mix Sessions sur l’étiquette montréalaise Turbo (particulièrement la dernière de Tiga), qui est, à juste titre, de plus en plus populaire partout dans le monde.