Flash-backMarathon pour un critiqueAu nom du beat
Flash-back
Le festival Cream a été l’occasion de tester notre don d’ubiquité, puisque ces multiples événements, étalés sur deux semaines, ont exigé une présence de tous les instants. Une chance qu’il y avait un léger répit entre les deux fins de semaine d’activités!
La meilleure idée reste sans doute Cream on the street. Quoi de mieux que de tenir un party au milieu du boulevard Saint-Laurent? Les meilleurs D.J. de la ville y ont défilé de 23 h jusqu’aux petites heures du matin, avec l’addition chaque jour d’un invité international. Mais la fête n’est pas une équation mathématique, ni une équation monétaire: sauf exception, le party n’a pas levé. La disposition de l’événement qui occupait toute la largeur de la rue lors de la vente de trottoir n’a pu que forcer n’importe qui, même les moins intéressés, à venir en touristes. Au risque de sembler élitiste, on ne peut pas créer d’ambiance entre un D.J. et un public au milieu d’un centre commercial. Par exemple, lorsque le D.J. drum’n’bass britannique Brian Gee spinnait, environ trois ou quatre personnes se sont donné la peine de danser, pendant qu’une petite foule bien distante s’était attroupée autour d’eux. Mortel!
Marathon pour un critique
Le vendredi suivant s’est avéré un véritable marathon. Dans un Centre social espagnol fort chaleureux, Tomas Jirku a chaudement établi, dans son set live, des rythmes tourmentés et ludiques. Contrairement à son album, les sonorités expérimentales étaient jumelées à un hard-house fort sympathique. Il a même inséré un succès de Black Box, directement sorti du répertoire pop des années 80, créant ainsi une pointe d’humour dans ce monde intello souvent trop sérieux. Même engouement pour Jetone, mais avec une approche un peu plus douce. Ensuite, direction Sona pour écouter une autre performance live, celle de DMX Krew. Comme à son habitude dans une mare d’influences électro, le protégé d’Aphex Twin nous a livré, comme se plaît à le nommer un ami, du "ghetto-tech". Imaginez DJ Assault (booty) qui rencontre Kraftwerk dans les clubs techno de Detroit. Mélangeant? On a assisté à un heureux mélange de breaks funky très rapides et d’attitude glamour. Génial. À la suite de l’introduction musicale de Tiga, Richie Hawtin s’est ensuite présenté derrière les tables tournantes de la grande salle. Un autre set hard-tech, comme on en a trop souvent entendu de la part du D.J. de Windsor. Pendant ce temps, le retour de Dave Clarke s’effectuait dans l’ancien cinéma Berri, à l’Aria. Ce D.J. anglais a toujours offert un techno de qualité mais, compte tenu de la sortie récente de son excellente compilation World Service, les attentes étaient gonflées. Légère déception: il a bien sûr impressionné par sa technique mythique, mais il n’a pas su sortir des balises hard-techno sombre. D’autre part, ce jeune club a encore quelques problèmes de coordination à l’entrée et, ce qui est plus important, de cordialité…
Enfin, je n’ai pu assister au méga-événement Cream; toutefois, un informateur que j’ai spécialement envoyé sur place m’a dit avoir assisté à un party dans la trempe des 514: commercial mais bien organisé (avec, évidemment, des grosses fouilles systématiques). Misstress Barbara semble avoir été le point fort, tandis que le set très chétif de Timo Maas fut la déception.
Au nom du beat
Le D.J. Jumping Jack Frost, derrière le célèbre label drum’n’bass V Recordings, préfère présentement les aspects plus funky du genre, particulièrement les influences brésiliennes. Il ne s’inquiète pas non plus outre mesure des mauvaises langues proférant la fin du drum’n’bass. "Ça dépend toujours de ce à quoi tu es exposé…" Concernant la popularité de sa célèbre étiquette, il ajoute: "À la fin de la journée, la musique est la business, et vice versa. Il faut qu’il y ait un équilibre." Il spinnera au Jaï le 9 septembre.
Aussi à surveiller
– Les mercredis Sensation du Jingxi reçoivent le duo live Stereomovers le 12 septembre.
– Nouvelle soirée au Groove Society, dès le 13 septembre, avec Pink Feria (techno progressif), Koma (tech-house) et Devious Mike (trance progressif). Information: www.strategyfirst.com/pink
– Le D.J. britannique Steve Lawler (house tribal) est au Sona ce soir, le 6 septembre. Directement de Sockholm, c’est Joel Mull (hard-house) qui prendra possession des mêmes tables tournantes le lendemain.
– Le même soir, l’Aria reçoit Jerry Bonham, de San Francisco. Même s’il est peu apprécié pour sa sélection légèrement commerciale, il possède tout de même une technique du tonnerre. Le lendemain, c’est Marshall Jefferson, Ali Ajami et Od-Roc qui passeront par l’afterhours.
Top 3
Uzi et Natacha
1- Frankie Knuckles – Keep on movin’ (Definity)
"Un retour en force du son "classic house". Futur gros hit sur la scène garage venant du label de David Morales."
2- Black Beatnicks – So into you (Flipside)
"Déjà un gros hit sur la scène new-yorkaise, directement du label de la Montréalaise Bettina Conztanza. Un autre retour au son "classic house", plus vocal cette fois-ci."
3- Roy Davis Jr. – Watch them come remixes (Bombay Records)
"Les nouveaux mix sont de loin supérieurs aux derniers sortis l’an passé. La version originale a constitué la chanson la plus populaire de nos soirées lors des trois dernières années."
Les soirées house Betta Tuesdays, auxquelles participent Uzi et Natacha, sont de retour les mardis au Jaï depuis cette semaine.