Danse dans ta tête Top 3 – Fila Brazillia
B.P.M.

Danse dans ta tête Top 3 – Fila Brazillia

Danse dans ta tête

L’été dernier, l’ACFAS organisait un colloque sur les raves, qui, entre autres observations, s’intéressait à la nature rituelle du phénomène. La revue universitaire Religiologiques consacre son dernier numéro aux idées soulevées dans le cadre de cet événement. Le moment est idéal pour présenter les recherches de l’une des conférencières du colloque, Anne Petiau. Sociologue française dans la vingtaine, elle analyse la musique techno (ou celle des raves en général) à travers la lentille sociologique de la postmodernité.

Résumé d’une conversation tenue l’été dernier dans un parc de la ville…

Le concept de postmodernité est apparu dans les analyses sociologiques il y a une vingtaine d’années. Elle se définit selon la chercheure par "un nouveau regard sociologique qui postule une mutation culturelle dans les différents domaines de la vie sociale contemporaine (valeurs, imaginaires, conception du temps, etc.)". La période postmoderne fait donc suite, cela va de soi, à la modernité, dont les origines remonteraient aux Lumières, et qui mettait de l’avant une société maîtrisée par la raison et l’idée de progrès (émancipation de l’humanité grâce à la technique, aux sciences, etc.). La musique techno, selon Petiau, représenterait donc très bien la mutation culturelle de la période postmoderne.

Le techno est une conséquence non intentionnelle de la modernité "puisqu’on utilise les technologies et tout ce qui découle de la modernité pour d’autres comportements et d’autres valeurs que celles du progrès amenés par la science et la technique". Ainsi, la musique techno reprend la technologie, les ordinateurs au premier plan, pour en faire des outils au coeur d’une démarche artistique, alors qu’ils auraient été créés dans le but de fonder une société parfaitement maîtrisée.

Selon Petiau, le rapport au temps aurait également changé. "Plutôt que de favoriser le futur en projetant un idéal abstrait et lointain, on encourage la jouissance du monde ici et maintenant. Cela se traduirait par la forme même de la musique techno: au lieu de créer de l’"innovation radicale" comme le prônerait l’idéologie de la modernité, il s’agit ici de créer de nouvelles productions à partir de tout ce qu’offre déjà le patrimoine musical et culturel en place (à travers l’échantillonnage et le mix du D.J.).

Il en va de même pour la musique: les pulsations et toutes les couches de la musique techno sont basées sur la répétition. "Parce que c’est répétitif, on a du coup une espèce de présent élargi qui s’installe. Une fois qu’elle a établi ce présent élargi, la techno va vraiment tenter d’intensifier cet instant en utilisant des sonorités qui provoqueront des sensations physiques, des sensations d’étirement, des sensations de suspension."

Enfin, l’absence de trame narrative dans la musique techno aurait également permis une redéfinition des groupes sociaux: on assiste plutôt à un partage brut d’émotions et de sensations provoquées par la musique. "C’est comme un laboratoire. Il y a quand même des valeurs, il y a quand même des comportements spécifiques, mais ça passe par l’expérimentation dans un cadre social et non pas par une revendication claire et nette."

Et vous pensiez seulement danser?

Le lancement du numéro de Religiologiques intitulé Technoritualités – religiosité rave, accompagné d’un débat, se déroulera aux sons des D.J. Mir et Bleuchut dès 18 h le mercredi 27 mars, à la S.A.T.

Aussi à surveiller:
VENDREDI 22 MARS

– L’afterhours du Stéréo reçoit l’Anglais Mr. C et DJ Maüs.

SAMEDI 23 MARS

– La cinquième édition des partys Cloud se déroulera cette fin de semaine avec Neerav, Iznogood, Mini et Corey K, entres autres (25 $ à l’avance; party approuvé par les forces de l’ordre, les billets de Cloud 4 seront honorés). Information: 720-6490. Billets en vente présentement pour 20 $-25 $

DIMANCHE 24 MARS

DJ Seko est l’invité de la soirée Shredder au Blue Dog.

JEUDI 28 MARS

– Le fameux duo progressif Sasha et John Digweed joueront au Sona (23 h).

Top 3 – Fila Brazillia
1- Deltron 3030 – Time Keeps on Slippin [75 Ark]

"Petite toune malade, courtoisie de Del Tha Funkee Homosapien et Dan the Automator, qui fusionnent la fluidité d’un rap intelligent à des breaks mélancoliques. On peut facilement comprendre pourquoi le chanteur invité Damon Albarn a ensuite voulu élaborer le projet Gorillaz avec ces deux artistes."

2- N.E.R.D.Run to the Sun [Virgin]

"J’aime le fait qu’ils aient réussi à rendre une pièce qui sonne TELLEMENT avec si peu d’éléments. Des riffs programmés serrés et des beats fracturés se mélangent à des patterns de rhodes et une voix douce."

3- Shuggie OtisAht Uh Mi Hed [Luaka Bop]

"Ou n’importe quoi sorti de la réédition de l’album Inspiration Information de 1974. Comme le dit Patrick Forges: "Shuggie Otis aurait dû devenir une superstar, un génie de la musique de la plus haute espèce"."

Pour compenser les deux dates annulées l’année dernière comme D.J., le duo Fila Brazillia présente son spectacle live au Cabaret le 28 mars.