Au nom du père
Au nom du père
Le mythe du rave est grand. L’expérience est décrite comme transcendante, spirituelle et plus grande que soi.
Le mythe du religieux est grand. L’expérience est décrite comme transcendante, spirituelle et plus grande que soi.
Mystifié? C’est pourtant la prémisse de Fançois Gauthier qui étudie le phénomène rave (de ses débuts à aujourd’hui) au département de sciences des religions à l’UQAM. L’étudiant au doctorat faisait une conférence sur la question mardi dernier. "La plupart des gens qui connaissent l’expérience du rave me confirment la pertinence de l’approche, souligne le principal intéressé. Ceux qui sont plus réticents sont habituellement ceux qui sont plus vieux et qui ont une tradition anticléricale." Il est indéniable que, depuis les débuts du mouvement, les gens qui sortent des raves parlent de cette expérience en termes de transe et de communion avec la foule. Toute la documentation qui traite du phénomène aborde d’une manière ou d’une autre l’expérience du sacré ou du rituel. "Même quand tu vas sur les sites Web ou quand j’interviewe des ravers, 9 personnes sur 10 disent que c’est spirituel. Le simple fait qu’on parle de transe prouve qu’on a les deux pieds dans la religion."
Contrairement à la plupart des mouvements culturels qui l’ont précédé dans les années 70 ou 80, le mouvement rave est un abandon corporel et non un voyage mental. "C’est plus qu’un effet de mode, rapporte le chercheur de 29 ans. Il y a plus de conséquences identitaires, émotives, affectives et existentielles que dans un vulgaire bar du samedi soir. On est la première génération à être née en dehors de l’Église et d’une éducation religieuse. On est également les premiers à être nés en dehors des grandes idéologies de la Modernité: on ne croit pas au progrès. On est né en dehors d’une grosse structure de sens et l’intérêt d’une telle recherche est de comprendre ce qui en découle."
Selon ce que développe Gauthier, le caractère initiatique que représente le rave est aussi très particulier. Une personne est généralement initiée aux rites du rave par des amis. Même si les gens peuvent se détacher des raves après quelque temps, certaines similitudes demeurent entre le début du mouvement et aujourd’hui. "Je suis toujours surpris [de voir] à quel point les gens qui connaissent les raves depuis six mois disent la même chose que ceux de 1992, que ce soit en termes de communion ou de spiritualité. Si tu prends ta pilule avec tes amis la première fois, c’est une expérience très intense." Le lien avec la drogue, bien qu’il ne soit pas obligatoire pour vivre l’expérience rave individuellement, est tout de même très lié à toutes les religions. De tout temps, la drogue a été une manière de changer radicalement de point de vue sur le monde. "À part les foutues religions monothéistes, toutes les religions sont passées par là. Et le Québec traditionnel, sans sa taverne, ne fonctionnerait pas. On a besoin des bars et des tavernes pour que la société fonctionne. On a besoin d’endroits où les gens peuvent transgresser et changer leur état de conscience. La société a souvent un regard moralisateur sur la drogue alors qu’elle a d’autres fonctions. Fumer des joints quand t’as 15 ans, c’est pas juste pour te geler la gueule. C’est une chose qui a aussi des conséquences identitaires. On a trop souvent tendance à voir les choses d’un point de vue matériel."
Aussi à surveiller:
JEUDI 10 AVRIL
– Les deux membres de la Mafia Électronique reçoivent Milton Clark ce soir au Blue Dog (3 $).
VENDREDI 11 AVRIL
– C’est le D.J. Stormbass qui accompagne Baya et Olivié au Ibsen Kafé jusqu’à minuit (1141, rue Bélanger).
SAMEDI 12 AVRIL
– La légende du house de Chicago Derrick Carter revient une nouvelle fois en ville à l’Aria avec les D.J. Fred Everything et Maüs.
JEUDI 17 AVRIL
– La mégavedette trance Paul Van Dyk vient faire entendre ses rythmes très sirupeux à l’Aria qui ouvre un jeudi pour l’occasion.
Top 3 – Melon
1. Acen – Androids That Dream [Unreal]
"Une des productions les plus originales de l’année. Des synthétiseurs rêveurs et mélodiques avec une sous-basse profonde et un sentiment presque dancehall."
2. Aquasky vs Masterblaster – Perception (autobots remix) [Passenger]
"Malade! Une ligne de basse entraînante qui détruit les planchers de danse. Exactement ce qui fait la renommée d’Aquasky (qui échantillonne ici Duran Duran!)."
3. ILS – Music [Marine Parade]
"Très funky et profond, et comme on le dit sur la pièce: "Everybody loves good music"."
Melon joue tous les mercredis au Saphir avec le Broken Crew, spécialisé dans les rythmes breaks; ils reçoivent Marty McFly de Toronto cette semaine. Le collectif est également invité à la soirée de T’cha et Bliss ce soir (jeudi) au Blizzarts.