Ballon d’essai

Au grand air

La journée n'est ni ensoleillée ni grise; le vent, ni trop présent ni absent; la couche de nuages, épaisse. Quelles sont les conditions météorologiques propices au vol en parapente au juste? Pour le découvrir, trois vaillantes journalistes se dirigent vers la limite de la Montérégie, à 45 minutes de Montréal. Sur le panneau: Saint-Paul-d'Abbotsford. Le propriétaire de l'école Distance Vol Libre nous accueille, nous fait signer un dégagement de responsabilité (m'en vais encore risquer ma vie, moi là!) et corrige nos accoutrements inadéquats pour faire face au mercure oscillant autour de 14 degrés Celsius (deux de moins en altitude).

Prendre son élan

Fin prêtes – que des filles dans cette escapade champêtre, dont une Francine Grimaldi en grande forme! -, on prend place dans la boîte d'un pick-up pour grimper au sommet du mont Yamaska. Trente minutes à sautiller sur un siège métallique à travers la forêt et on arrive à un belvédère du haut duquel on s'enverra en l'air, bien épinglées à un pilote certifié. Un élève en solo s'apprête à sauter sous les directives d'un instructeur. Nous l'observons en silence, soufflées de le voir s'élancer comme un oiseau depuis son fil électrique…

La sellette (dans laquelle se dissimule un parachute de secours) et le casque installés, le parapente déballé, Alexandre le pilote explique à Mélissa la néophyte la marche à suivre: au signal, il faut courir de toutes ses forces vers le vide. Rien que ça? Le tandem attend quelque soubresaut de vent pour partir… Après une tentative avortée, je tire notre attelage vers le précipice et voilà qu'Alex (pour les intimes et les copilotes) me marche sur le talon. Je me retrouve donc dans le vide, un pied à demi déchaussé. Pas de panique: du haut de 1000 pieds dans les airs, je glisse un doigt dans le soulier et le replace.

Le signal m'est donné: je peux prendre la position assise en tirant sur les sangles de mon siège. Ma tâche accomplie, je m'efforce enfin de profiter du vol plané… La vallée qui s'étend devant nous est magnifique. Je contemple les champs et vergers surplombés par le mont Rougemont. Alex s'enquiert de mon état d'âme. "C'est trop hot!" – oups, j'en perds mon français et retombe en adolescence! En fin pilote, Alex manouvre l'aéronef de manière à faire de grands "8" au-dessus de la forêt d'érables multicolores; des ascendances de vent nous permettent de prendre de l'altitude. Des urubus à tête rouge volent avec nous. Le temps suspend son vol. Le vent bourdonne. J'ose à peine cligner des yeux.

L'altimètre sonne, on perd de l'altitude. Alex éloigne peu à peu le parapente de la montagne pour se diriger vers la plaine et le lieu d'atterrissage, non sans s'amuser avec quelques figures comme les wings over: une série de virages rapides de gauche à droite. Effet de montagnes russes de luxe, je garde le regard devant moi pour ne pas avoir de haut-le-cour. Retour vers la position verticale, le pilote m'avertit de me préparer à courir. Je fais alors une Super Mario de ma personne en sprintant dans le vide avant de toucher le sol. Quatre petits pas sur la terre ferme et je respire (soupire) de joie. Wow. Et on aura volé une dizaine de minutes, pas beaucoup plus, m'informe Alex – la baptisée ayant perdu toute notion de temps. Conversations animées avec mes comparses qui ont vécu des vols différents… on recommencerait illico si ce n'était du temps de préparation et de montée.

Petits sauts

Remises de nos émotions, nous profitons de cette escale pour aller cogner chez le voisin d'en face: le Vignoble Les Petits Cailloux où le vigneron, ex-informaticien et papa de quatre enfants, nous présente le fruit de nombreuses années de labeur. On s'attable dans le chai au décor champêtre pour un menu dégustation: chaque coupe de ses six crus s'accompagne d'un petit plat. Coup de cour pour son rosé Crépuscule dont je rapporterai une bouteille et le Sirocco, vin fortifié aromatisé au sirop d'érable. La visite se conclut par une promenade dans les vignes et un grignotage de raisins qui nous laissera la langue et les doigts violacés!

Une escapade dans le pittoresque village montérégien ne sera désormais plus complète sans un arrêt à la Galerie Vert Éther, qui vient d'ouvrir ses portes. Les proprios, couple de travailleurs humanitaires ayant vécu en Éthiopie, importent et restaurent des meubles, objets d'art et bijoux (assemblés par Madame) éthiopiens d'exception. Entrer voir leurs trouvailles et piquer un brin de jasette avec ces passionnés globe-trotters, c'est voyager dans la corne de l'Afrique – chacune de leurs trouvailles renfermant une histoire…

Album souvenir /

– D'un calme plat jusqu'à quelques secondes de l'envolée, une vérité me frappe soudain: si le pilote a un malaise, je ne sais pas du tout comment conduire ce truc! "Dis, Alex, tu n'as pas une tendance à l'évanouissement ou à l'épilepsie, toujours?"

– Épatant de constater combien on ne se sent pas coincé dans quelque habitacle rigide pendant le vol: on se sent plutôt haut perché sur une balançoire confortable qui nous trimballe entre nuages et montagne.

– Il fallait voir Francine Grimaldi enfiler une combinaison de vol une pièce et se faire remplacer ses gougounes par des bottes à cheville d'acier. "J'ai l'impression de marcher sur la Lune!"

Adresses /

Distance Vol Libre: 640, rang de la Montagne, Saint-Paul-d'Abbotsford, 450 379-5102, www.dvl.ca

Vignoble Les Petits Cailloux: 625, rang de la Montagne, Saint-Paul-d'Abbotsford, 450 379-9368, www.lespetitscailloux.com

Galerie Vert Éther: 897, rue Principale, Saint-Paul-d'Abbotsford, 450 204-1713, www.vertether.com