Ballon d’essai

Sortie aux courges

La saison des couleurs arrive avec une tentation saisonnière: celle d'une balade à la campagne pour y cueillir le fruit rouge aux multiples variétés. Pas étonnant que l'Agence métropolitaine de transport (AMT) fasse mouche avec sa sortie aux pommes dans les Basses-Laurentides, la galère du trafic en moins. Mais il n'y a pas que les pommes qui se laissent cueillir joyeusement au gré des champs, les bottes enfoncées dans la boue: les cucurbitacées aussi se font belles l'automne venu. Avec sa nouvelle escapade Courges-en-train, l'AMT propose un après-midi au Centre d'interprétation de la courge qui, surprise, fait aussi la culture de la vigne.

Champs orangés

Le train décolle à midi depuis la gare centrale. Une petite demi-heure dans le convoi et on entre en gare à Deux-Montagnes. Quatre bus jaunes nous attendent: trois pour les pommes, un seul pour les courges. Qu'à cela ne tienne, nous sommes une vingtaine d'enthousiastes, équipés pour ramener de la courge à la pelle! Le Centre d'interprétation de la courge apparaît au milieu d'une nature flamboyante et colorée: on aperçoit au loin le champ pointillé de formes orange, attenant à un vignoble. Le site est accueillant: d'un côté, on trouve la pâtisserie et un petit musée, de l'autre, le stand à frites de courge et la maison hébergeant le restaurant, la cave à vin et la boutique. Le groupe se divise: les familles prévoyantes s'installent aux tables à pique-nique avec leur goûter, alors que les autres se dirigent vers le bistro qui, vous l'aurez deviné, décline la courge de l'entrée au dessert… J'opte pour la soupe à l'oignon, pommes et courge, avec un verre de blanc, cuvée Valérie, alors que mon compagnon choisit le pâté de poulet et courge avec une bière de la maison.

On rejoint ensuite Sylvie D'Amours, Madame de la Courge en personne, qui relate l'historique de la ferme familiale: cultivatrice de choux de père en fils, la famille se dirigeait en 1999 vers la production de cucurbitacées… Peu présentes dans les cuisines québécoises d'alors, Sylvie D'Amours les apprêtera de mille et une façons et invitera familles et écoles à faire de même. Des personnalités de la toque viendront aussi donner leur appui au fil des ans. Elles signent d'ailleurs la préface de son livre de recettes maison. Madame de la Courge poursuit avec un cours 101 de la cucurbitacée qui compte 300 000 espèces au monde et dont l'origine remonterait à 8500 ans avant notre ère. Elle nous expose les différences entre la citrouille, le potiron (texture apparentée à la carotte) et la courge (plus près de la pomme de terre). Trucs et astuces pour la cuisine et brochure de recettes complètent la rencontre.

S'ensuit une visite express au musée où des panneaux d'interprétation présentent des courges-vedettes: la gourde pèlerine, la plus voyageuse au monde et emblème en Haïti; la courge de siam, qu'on servait aux chevaux lors de la traversée vers la Nouvelle-France; les potirons, comme symboles de fécondité; la légende de Jack O'lantern…

Je prends ensuite la direction du champ, équipée d'une brouette pour choisir une citrouille (offerte avec le forfait), mais aussi des courges! Un petit marché les étale, dans une variété de couleurs, avec des noms qui semblent tout droit sortis d'un hit des années Motown: Sweet Mama, Hubbard Blue, Carnaval, Baby Boo, Jack-Be Little… On aurait envie de les cuisiner toutes, sur des airs des Supremes!

Les pieds dans la gadoue, on croise des familles qui courent les champs à la découverte de la citrouille à la forme la plus originale. L'après-midi défile. On passe par la pâtisserie chercher notre collation, une galette à la citrouille, et par la boutique pour se procurer un pot de beurre à la citrouille – produit-vedette aux côtés de la glace à la Pink Banana et du confit aux poivrons et courgettes -, mais aussi une curiosité: un sac de pépins givrés! On enfouit nos victuailles dans nos sacs et on prend la route du bercail, comblés.

Au repas du soir, j'entreprends de réaliser une des recettes suggérées par Madame de la Courge: je fais alterner ma sauce à spag végé maison à de la butternut en tranches, le tout parsemé d'un bon gruyère râpé pour une lasagne des plus ragoûtantes! Voilà qui rejoint mon livre de recettes à répéter! Il me tarde aussi d'apprêter mes citrouilles en potage et desserts et ma Small-ghetti en sauce avec fruits de mer, tel que me l'inspire le livre de recettes de Sylvie D'Amours.

Album-souvenirs /

-L'enjouement d'un enfant ayant trouvé au champ une galeuse d'eysine qui semblait tout droit sorti du laboratoire d'une sorcière boutonneuse… L'envie contenue des autres de lancer les citrouilles sur le sol pour les voir éclater…

-Le beurre de citrouille: j'en mettrais partout! Sur mes scones, gâteaux ou bagels avec fromage à la crème. Plus près de la purée que du beurre, ce produit trouvera une place sur ma table de Noël!

-À vouloir offrir plusieurs services, on tourne parfois les coins ronds. Dommage que le service au restaurant ne soit pas à la hauteur de la cuisine de Louis-David Rochon et de ce lieu de charme…

Adresses /

Réservations pour les escapades en train: 514 287-7866, www.amt.qc.ca/escapades/

Le Centre d'interprétation de la courge: 839, chemin Principal, Saint-Joseph-du-Lac, 450 623-4894

Vignoble Les Vents d'Ange: www.vignobleventsdange.com

http://www.madamedelacourge.com/